Échec à Istanbul
Après trois podiums consécutifs à l’EuroBasket, l’Equipe de France quitte la compétition continentale dès les huitièmes de finale, éliminée par l’Allemagne (81-84). Une immense déception avant de futures qualifications pour la Coupe du Monde pleines d’incertitudes.
Les Bleus avaient tout autant rendez-vous avec eux-mêmes qu’avec l’Allemagne samedi en huitièmes de finale de l’EuroBasket. Sursaut d’orgueil, réaction sportive, remise en question, peu importe les termes à employer, l’Equipe de France avait beaucoup à prouver pour éviter une élimination prématurée. Joueurs et staff technique avaient beaucoup échangé depuis 48 heures, ensemble ou séparément afin de trouver des réponses à leurs maux.
Lors de la dernière confrontation entre la France et l’Allemagne dans le cadre d’un match à élimination directe en 2001, un homme, Dirk Nowitzki, avait, à lui tout seul ou presque, propulsé son équipe en demi-finale de l’EuroBasket. 16 ans plus tard, les Bleus voulaient éviter de subir la loi d’un nouveau NBAer allemand, Denis Schröder. Le meneur des Hawks, deuxième marqueur du tournoi, était au cœur de toutes les attentions et, pendant 18 minutes en première mi-temps, il a été parfaitement contenu, tandis que de l’autre côté du terrain les troupes de Vincent Collet avaient retrouvé la volonté de se passer la balle et de faire preuve de patience dans l’exécution des systèmes.
Une rigueur réclamée par le capitaine Boris Diaw et dont il aura été le premier à profiter. Le vétéran n’a plus les jambes de ses 20 ans mais bien servi il peut pleinement exploiter sa technique dos au cercle ou son adresse de loin. L’un des rares éléments à surnager depuis deux matches, il a rendu une copie parfaite lors du premier acte : 10 points, 4 rebonds, 2 passes. 14-4 en six minutes, 34-24 encore au cœur du deuxième quart-temps, la France maîtrisait son sujet et mettait du cœur à l’ouvrage à l’image des efforts de ses intérieurs au rebond offensif.
A 120 secondes du repos, Schröder finissait par inscrire ses deux premiers points sur lancers-francs. La rencontre fermée à double tour changeait soudainement de rythme et un Schröder virevoltant se mettait à découper avec gourmandise la défense tricolore, allant marquer près du cercle ou délivrant les caviars notamment pour Daniel Theis, auteur d’un dunk monumental en contre-attaque. Une action d’éclat à laquelle répondait parfaitement Joffrey Lauvergne dans un style tout aussi sauvage et spectaculaire. La dizaine de points d’avance que la France avait longtemps préservé fondait cependant comme neige au soleil au gré des balles perdues.
Maladroite de loin, l’Allemagne retrouvait de l’adresse. Lucca Staiger bloqué à 1,0 point et 14,3% de réussite depuis le début de l’Euro se fendait d’un 3/5 à longue distance et emmenait ses coéquipiers dans son sillage. Trois flèches primées consécutives lançaient le dernier quart-temps faisant clairement basculer l’élan. Paradoxe, c’est avec Schröder sur le banc que les Allemands repassaient en tête (60-64, 33e). Evan Fournier entretenait l’espoir (65-64) mais Schröder revenait aux affaires créant de nouveaux décalages et des tirs ouverts. Remarquable de maîtrise il alimentait avec précision ses coéquipiers devenus irrésistibles de loin. Un terrible 13-3 mettait les Français dans les cordes à deux minutes de la fin (68-77). Fournier, toujours, faisait croire un instant au miracle, multipliant les exploits individuels. Une interception suivie d'un trois-points semait le doute chez des Allemands soudainement fébriles (79-81). Le huitième de finale se transformait en concours de lancers-francs mais De Colo, au buzzer, manquait le tir de l'égalisation.
Cette élimination marque la fin d'une période faste pour l'Equipe de France marquée par quatre podiums internationaux et deux participations aux Jeux Olympiques depuis 2011. La prochaine compétition n'aura lieu qu'en 2019, en Chine (Coupe du Monde), mais il faudra auparavant se qualifier au cours de fenêtres dont la première est programmée dès le 24 novembre, en Belgique. Avec quels joueurs ? C'est toute la question, entre l'indisponibilité des éléments évoluant en NBA et le conflit toujours pas réglé entre l'Euroleague et la FIBA.