Diaw est grand
A Strasbourg, l’Equipe de France a poursuivi son sans-faute lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2019 en battant la Russie en prolongation (75-74).
A chaque rendez-vous pour les fenêtres internationales, l’Equipe de France est confrontée à un nouvel obstacle. En ce mois de février, elle doit composer sans Edwin Jackson et Louis Labeyrie, ses deux meilleurs marqueurs lors des deux succès enregistrés en novembre. Plus que jamais c’est en défense que les Bleus devront trouver leur salut. Oubliées les inspirations géniales, mises entre parenthèses les spectaculaires poussées de fièvre et les chevauchées fantastiques, remplacées par des plongeons, des aides et de l’abnégation. Moins flamboyant certes mais une réalité à accepter.
Les 2 points en cinq minutes sans aucun panier inscrit par les Russes ont d’ailleurs rapidement donné le ton, forçant le coach Sergey Bazarevich à recadrer ses troupes lors d’un temps-mort salvateur. La France avait su servir son duo d’intérieurs Boris Diaw-Alain Koffi près du cercle pour rapidement s’échapper (11-4). Une entame en forme de faux-semblant, un des rares joueurs d’Euroleague libéré pour ces fenêtres, Andrey Zubkov, se chargeant de combler l’écart en faisant apprécier son adresser de loin. Un résumé de deux objectifs opposés : écarter le jeu le plus possible chez des Russes dépourvus de grands gabarits, enfoncer son vis-à-vis côté tricolore (28-29 à la pause).
Une mission traditionnellement dévolue à Boris Diaw, gavé de ballons poste bas et éternelle plaque tournante de l’équipe nationale. Mais l’adresse reste un marqueur décisif au basket et il faudra attendre la fin du troisième quart-temps pour qu’elle fasse son apparition. C’est l’éphémère NBAer Sergey Karasev qui frappait à deux reprises au-delà des 6,75 m pour faire passer un frisson dans le cou des 5823 spectateurs du Rhénus (36-41).
Une inquiétude dissipée par un 7-0 éclair amorcé par la capacité d’intimidation de Moustapha Fall et conclu par l’abattage multi-cartes de Charles Kahudi. Blessé en février, l’ailier de l’ASVEL est un monstre d’intensité et un cadre indispensable dans le contexte délicat de ces qualifications. Dans un combat de tranchées particulièrement physique, la différence semblait se faire dans les cinq dernières minutes grâce à l’opportunisme de Paul Lacombe puis au culot d’Elie Okobo de loin (58-52, 38e). Mais le talentueux Dmitrii Kulagin maintenait les siens à flot puis Karasev remettait les deux équipes à égalité. De quoi offrir 60 dernières secondes de suspense extrême qui s’achevaient sur un panier offert sur un plateau à Karasev mais heureusement manqué.
Les cinq minutes supplémentaires se résumaient quasiment à un duel Kulagin-Diaw, le capitaine des Bleus inscrivant 9 points d’affilée pour lancer la prolongation. Cinq minutes supplémentaires d’une tension totale dans une salle debout. Une balle perdue de Diaw offrait à Karasev deux lancers-francs pour repasser en tête. Mais sur une remise en jeu ligne de fond à 4 secondes du buzzer, Boris Diaw imposait une dernière fois sa puissance pour libérer le Rhénus, Lacombe s’offrant une interception décisive sur l’ultime possession russe (75-74). "Nous avons bien débuté défensivement. Mais après notre 9-2 initial nous avons eu du mal à trouver des shooteurs. On dominait intérieur mais sans adresse à trois-points il était compliqué de trouver du spacing. Notre capitaine nous a portés toute la rencontre. C’est son meilleur match offensif depuis que je suis en Equipe de France. On peut le remercier ce soir", a commenté Vincent Collet en conférence de presse.
La victoire face à la Russie ne garantit pas aux Bleus la qualification pour la deuxième phase mais les installe dans une situation idéale. A Nancy, dans moins de 48 heures, ils auront l’occasion d’éliminer définitivement la Belgique et raffermir leur emprise sur la première place.
Le classement
Pays V-D Pour-Contre
1- France 3-0 229-198
2- Bosnie 2-1 218-230
3- Russie 1-2 226-225
4- Belgique 0-3 198-218
Pour rappel les trois premiers de chaque poule sont qualifiés pour la seconde phase qui réunira 24 équipes réparties en quatre poules de six.