Faire chuter le mythe
L’Equipe de France affronte les Etats-Unis mercredi à 13h00 (en direct sur Canal + Sport) avec en jeu une place en demi-finale de la Coupe du Monde et potentiellement un billet direct pour les Jeux Olympiques.
Double champions du Monde. Triple champions olympique. Vincent Collet l’a parfaitement résumé. Les Américains sont les maîtres du Monde. La planète basket est à leur pied et depuis une demi-finale perdue à la Coupe du Monde 2006 au Japon, contre la Grèce, ils n’ont plus connu la défaite en compétition officielle. Comment, dès lors, espérer face à cet Everest ? Comment rêver de l’ivresse des cimes et de celle d’une victoire qui constituerait un fabuleux exploit pour le basket français ?
Pendant l’été, Team USA a été frappée par une spectaculaire vague de forfaits. Toutes les stars attendues ont tour à tour fait faux bond. Au final, un seul membre des trois All-NBA Teams a fait le voyage jusqu’en Chine : Kemba Walker. Un nombre identique à celui de l’Equipe de France, Rudy Gobert ayant accompagné le nouveau meneur des Celtics dans le troisième cinq idéal. Malgré cette saignée, l’exceptionnel réservoir américain leur permet d’aligner des équipes compétitives même en piochant parmi les troisièmes ou quatrièmes couteaux. Son aura d’invincibilité a cependant disparu dès la préparation, les Etats-Unis s’inclinant face à l’Australie à Melbourne. Lors de leur deuxième match de poule à la Coupe du Monde, il a fallu un impensable 0/4 aux lancers-francs dans les cinq dernières secondes de la Turquie pour arracher une victoire en prolongation. C’est une certitude, aucune escouade estampillée NBA n’a affiché une telle vulnérabilité. "Jusqu’à preuve du contraire nous sommes vivants", a déclaré Vincent Collet lundi soir. Mais jusqu’à preuve du contraire leurs adversaires restent les meilleurs.
Le statut de favori est cependant fragile en Chine, comme l’a démontrée l’élimination surprise de la Serbie contre l’Argentine. Un résultat aux conséquences lourdes pour la zone Europe. Même en cas de défaite (et à condition que l’Australie élimine la République Tchèque), la qualification directe pour les Jeux Olympiques serait encore d’actualité mercredi soir. "On peut aussi penser qu’on pourrait être qualifiés directement avant de penser à un rattrapage", souriait Vincent Collet à l’évocation du résultat des Serbes. Un trait d’humour qui ne masque pas la réalité d’un duel pour lequel les Bleus ne partent pas avec les faveurs des pronostics. "Je ne pense pas que notre pourcentage de chance soit aussi élevé que je l’entends ici ou là. Les Etats-Unis restent la meilleure équipe de la compétition. Et c’est une équipe qui élève toujours son niveau quand les matches couperets arrivent… Il va falloir sortir le match d’une carrière."
Et surtout retrouver des jambes après un transfert éprouvant de plus de 8 heures qui a empêché les Français de s’entraîner mardi. Retard d’avion, trafic dense, rien n’aura été épargné à des joueurs qui, s’ils mesurent l’ampleur de la tâche, ont tout fait pour se remobiliser quelques minutes après la défaite contre l’Australie. "Si la victoire est là, l’histoire n’en sera que plus belle", estime Nicolas Batum. "Je les ai tous battus ces mecs-là… On les connaît. On joue avec eux, contre eux. Le monde du basket a changé. Ce n’est plus 1992, personne ne prend des photos. Mais ils restent les favoris et il faudra faire le match parfait pour les battre."
Un match parfait notamment en défense, 48 heures après avoir encaissé 100 points pour la première fois de l’histoire de l’équipe nationale en Coupe du Monde. "Si on défend comme contre l’Australie, ce n’est pas la peine qu’on y aille", prévient Rudy Gobert tandis que son coach listait la capacité de ses troupes à résister à la pression sur les porteurs de balle et le contrôle du rebond comme des points clés. Il y a cinq ans, l’Equipe de France avait éliminé l’Espagne, chez elle, en quart de finale de la Coupe du Monde. En 2019 le défi est tout aussi grand.