Avant dernier tango
L’Equipe de France affronte l’Argentine, invaincue dans la compétition, en demi-finale de la Coupe du Monde, vendredi à 14h00 (en direct sur Canal + Sport et M6).
Ils ne sont pas encore des millions. Mais ils sont quelques-uns. A s’être rendus plus fièrement à l’école jeudi matin. A avoir bombé un peu plus le torse en arrivant au bureau. Les basketteurs du dimanche, jeunes et moins jeunes. Ceux de Charenton, Berck, Rezé ou Horsarrieu. Ceux qui alimentent les forums des réseaux sociaux, se réunissent pour trouver la chaîne qui diffuse leur sport préféré et qui insistaient depuis toujours pour expliquer à leur entourage à quel point leur basket est un sport merveilleux. Et à quel point leur Equipe de France est forte. Cette fois tout le monde en parle. Les Bleus ont terrassé les maîtres du jeu. Peu importe que leur escouade ait été taxée de B, C ou D. Une équipe 100% NBA est tombée et les Bleus sont toujours en course pour décrocher leur étoile à eux. Une médaille d’or est à deux pas. A deux marches. Et aucun ne veut laisser passer cette chance.
L’Argentine est l’exact opposée ou presque des Américains. A Dongguan, la France a affronté 12 joueurs NBA. Il n’y en aura aucun face à eux vendredi à Pékin. Une situation inédite à ce niveau de la compétition. L’âme de l’équipe sud-américaine est Luis Scola. Le deuxième meilleur marqueur de l’histoire de la Coupe du Monde est le seul rescapé de la génération dorée qui a remporté le titre olympique en 2004 à Athènes. Manu Ginobili, Andres Nocioni, Carlos Delfino ou Fabricio Oberto ont raccroché leurs baskets. A 39 ans, l’ancien joueur des Rockets semble inoxydable et a puni la pourtant surpuissante raquette serbe en quart de finale. Si Scola est un totem incontournable, la réussite argentine repose en grande partie sur Facundo Campazzo. Le meneur du Real Madrid est à lui seul un parfait résumé d’un groupe qui dégage une folle énergie. Avec son 1,78 m, cette teigne infatigable, plein de vice et de malice, est un génie de la passe qu’il faudra freiner pour que l’Argentine ne déroule pas un jeu collectif parfois époustouflant. Ses rotations sont limitées en talent, ses intérieurs, en dehors de Scola, ne feront pas rêver les fans chinois, mais le rythme fou de son attaque peut mettre au tapis n’importe quel adversaire.
Contrôler l’euphorie qui porte souvent les troupes de Sergio Hernandez sera une donnée primordiale pour une Equipe de France qui cherchera à rester fidèle à son ADN défensif. "Le risque c’est d’être rassurés et de perdre l’agressivité", prévient Vincent Collet. "Et c’est la première des qualités à amener sur le terrain. Ensuite c’est la concentration et la discipline. En 2014, en demi-finale de la Coupe du Monde, ce qu’on avait demandé était passé à la trappe." Comme pour le quart, les Français n’ont eu que de temps pour se préparer. Le voyage, porte à porte, leur a encore pris 9 heures et la séance d’entraînement prévue en soirée a été annulée. C’est donc à la vidéo puis lors d’un shooting quelques heures avant le match que le staff technique a pu mettre en place son plan de jeu et rappeler aux joueurs que la victoire 77-58 au tournoi de Villeurbanne en préparation n’aura sans doute pas grand-chose à voir avec le duel pékinois. "C’était en France, troisième match en trois jours. Ça ne compte pas", affirme Evan Fournier à propos d’un match où le duo Facundo Campazzo-Nicolas Laprovittola avait été tenu à 3/17 aux tirs. L’arrière du Magic, de son côté, surfe sur une réussite spectaculaire. Cinquième marqueur du tournoi il assume pleinement son rôle de leader et est apparu plus déterminé que jamais devant la presse à moins de 24 heures de la demi-finale, balayant l’idée d’un relâchement après l’exploit américain : "Le piège c’est de passer son temps sur son téléphone à regarder les messages de tes amis, de tes proches. Tout le monde est très content. Mais nous, nous ne sommes pas venus là pour battre les Etats-Unis."