Prévenus mais punis
L’agressivité et l’intensité exceptionnelles de l’Argentine ont totalement fait déjouer l’Equipe de France qui n’a jamais pu mettre son basket en place.
"Ils ont été meilleurs du début à la fin. De la première à la dernière minute. Domination totale." Rudy Gobert a fait simple et efficace en conférence de presse. Vendredi soir, l’Argentine a surclassé l’Equipe de France. Tactiquement, physiquement, mentalement. En quart de finale, elle avait marché sur la Serbie. En demi-finale elle a fait subir le même sort aux Bleus. "On était prévenus. Pourtant nous n’étions pas prêts, dès le début", admettait Nicolas Batum. "Ils nous sont clairement rentrés dedans. Ils méritent, rien à dire, ils ont été extraordinaires ce soir. On peut avoir la rage mais ils ont été plus forts que nous."
Pendant 40 minutes, les Tricolores ont été repoussés, bousculés, éloignés de leur zone de confort. Jamais ils n’ont pu mettre leur jeu en place et leurs leaders, parfaitement ciblés, ont vécu un calvaire. L’Argentine, intrusive, a mis son nez et ses mains partout. Sur chaque écran, chaque main à main. "Aucune équipe ne nous a avancé sur la tronche comme ça", a soufflé Vincent Collet. "C’est la première fois qu’une équipe vient nous chercher aussi haut, même sur nos grands. On en a parlé mais les joueurs ne se rendaient pas compte que c’était possible. C’est ça le haut niveau. La capacité à s’élever. C’est une leçon d’une demi-finale mondiale."
Symbole de cette nécessité de se transcender dans les grands moments, Luis Scola a conclu le match à 28 points et 13 rebonds mais a surtout lancé son équipe dès les premières secondes. "Ce qu’il a fait est exceptionnel. Il a rassuré son équipe d’entrée de jeu en mettant des paniers incroyables", remarquait Vincent Collet. Et lorsque la France est parvenue un court instant à hausser le ton défensivement, elle s’est trouée aux lancers-francs (13/25) et n’a pas converti les rares tirs ouverts qu’elle était parvenue à se créer ((7/31 à trois-points) : "Tous les joueurs l’ont voulu cette finale. Je ne peux que les défendre dans leur investissement. C’est plus par méconnaissance pour certains. Effet de surprise pour d’autres. Parfois ils avaient l’impression et nous aussi sur le banc, d’avoir sept joueurs face à nous. L’impression de ne jamais être seuls."
Reste désormais à surmonter l’immense déception. La même qui habite les têtes australiennes après une défaite en double prolongation contre l’Espagne. De la capacité des joueurs à se remobiliser pour s’inventer un nouvel objectif, sans doute très éloigné, de celui qui occupait leurs esprits, dépendra la conclusion de la Coupe du Monde 2019. Pour ne pas rentrer, lundi, les mains vides et le cœur en miettes.