Le podium des promesses
Les Bleus sont définitivement sortis de l’ombre des glorieux anciens. Ils savourent le bronze mondial et pensent déjà aux succès de demain.
L’Equipe de France a remporté dimanche à Pékin sa cinquième médaille internationale sur les neuf dernières années. Un résultat doublement satisfaisant. Il affirme la constance au plus haut niveau du basket français mais valide également la naissance d’un nouveau groupe. Un groupe qui a su rebondir après une déception XXL en demi-finale puis une première mi-temps cauchemardesque offensivement contre l'Australie. "Nous agresser c’est ce qu’ont fait les Australiens sauf que cette fois on a eu du répondant", a remarqué Evan Fournier pour qui le bronze ne suffit pas à effacer l’immense frustration d’une occasion perdue. "Nous avons un groupe extraordinaire. On mérite mieux que cette troisième place mais c’est toute la cruauté de ce sport… On aurait dû jouer dans quelques heures."
Ce goût amer, la France doit s’en servir pour continuer à grandir. Dès l’an prochain, à Tokyo. L’assurance de participer aux Jeux Olympiques sans avoir à en passer par un TQO est un luxe dont Vincent Collet connaît la valeur, lui qui avait vu son équipe s’épuiser à aller chercher un billet olympique à Manille, aux Philippines, avant de s’éteindre à Rio. "Ce qui s’est passé en demi-finale, on s’est fait la promesse que ça n’arrivera plus jamais", annonçait-il déjà en zone mixte en évoquant un potentiel quart de finale dans un an. Le sport de haut niveau nécessite de se projeter constamment vers demain. Ses leaders ne pensent qu’à ça et évoquent déjà avec gourmandise un nouveau podium. "Ils ont une ambition que je ne veux pas qualifier de démesurée", sourit leur coach.
Mais en attendant de partir à la conquête du pays du soleil levant, il convient de savourer la conclusion d’une Coupe du Monde folle où les favoris ont terminé loin des médailles. "Ce n’est pas la couleur que l’on voulait. Mais dans 10 ans il y aura quelque chose dans l’armoire à trophée et pas du vide", insistait Rudy Gobert tandis que Vincent Collet louait la capacité de réaction de ses troupes : "Quand on sait que les Serbes sont 5e, que les Américains sont 7e, on peut être contents. Vendredi, j’étais comme certains de mes joueurs… détruit. L’essence du sport c’est de savoir rebondir et de s’accrocher dans la difficulté."
Les Bleus l’ont fait tous ensemble dimanche. Vincent Poirier, très peu utilisé depuis deux matches, a effectué un passage déterminant (8 points, 7 rebonds). Nicolas Batum a sonné la révolte en milieu de troisième quart-temps. Andrew Albicy, présent depuis le début des fenêtres de qualification, a limité Patty Mills et sorti deux tirs à trois-points décisifs. Autant de pièces essentielles autour des leaders De Colo et Fournier (35 points). A Pékin les Bleus 2019 n'ont pas simplement conclu de la meilleure des manières une campagne. Ils ont commencé à écrire la première page de leur histoire.