Le repos du guerrier
Figure emblématique du basket français, Florent Pietrus a annoncé hier soir mettre fin, à 39 ans, à sa carrière professionnelle.
Il fallait bien que ça arrive un jour. On aurait espéré, naïvement, que ça n'arrive jamais mais Florent Pietrus a décidé de faire le grand saut en mettant fin à sa carrière professionnelle. De Pau-Orthez à Orléans, de la Pro A à la Liga Endesa, de sa Guadeloupe natale à l'Équipe de France, il aura marqué le paysage du basket français et européen. Défenseur hors pair, monstre de combativité, coéquipier modèle et apprécié partout où il est passé, il rejoint ses amis de toujours Tony Parker et Boris Diaw dans le monde d'après.
La folle époque paloise
Arrivé en France en 1996 en provenance de la Guadeloupe pour évoluer en centre de formation de Pau-Orthez en compagnie de son frère Mickaël, Florent Piétrus s'inscrit rapidement dans le projet d'un club de premier plan. Entré en jeu pour la première fois en Pro A le 23 novembre 1999 lors de la 12e journée face à l'ALM Évreux, il inscrit ses premiers points dans le Palais des Sports de Pau, théâtre qui le verra grandir en tant que joueur mais aussi en tant qu'homme. Rotation importante du dispositif de Claude Bergeaud dès la saison 2000/2001, il fait partie de la folle génération paloise qui empoche le titre de Champion de France en 2001 et le triplé historique de 2003 en gagnant le championnat, la Coupe de France et la Semaine des As. Intraitable aux côtés de cadors de la division que sont Cyril Julian, Fred Fauthoux, Rod Sellers, Dragan Lukovski et Kyle Hill, Florent Pietrus forme avec Boris Diaw, son frère Mickaël et Arthur Drozdov un quatuor magique apportant fraîcheur et qualités athlétiques de tous les instants. Après une saison riche en récompenses, Boris Diaw et son frère Mickaël s'envolent pour les États-Unis et la NBA. Florent lui reste à Pau, avec qui il remporte un nouveau titre de Champion de France. Le dernier avant de traverser les Pyrénées afin de jouer en Espagne.
La découverte de la Liga ACB puis le retour en France
Machine à gagner en France, Florent Pietrus le sera tout autant dès son arrivée en Espagne. Il remporte avec Malaga la Coupe du Roi en 2005. La saison suivante, le titre de Champion d'Espagne. À n'en pas douter, Florent Piétrus fait partie de ces joueurs capables d'élever le niveau d'une équipe. Un peu plus effacé statistiquement en attaque que lors de son premier passage en France, il est désormais le socle défensif de son équipe, véritable rempart face aux assauts adverses. Après trois saisons à Malaga, il met le cap sur Madrid pour jouer une saison avec Estudiantes, signant un précieux maintien en première division. Suivront ensuite des saisons à Valence, entrecoupé d'un court passage par Vitoria. Au total, il dispute pas moins de 9 saisons en Espagne, performance de premier choix dans le meilleur championnat d'Europe.
Son retour en France, il ne l'effectue pas dans le Béarn comme l'auraient aimé tous les fans de l'EBPLO mais au SLUC Nancy. Sur place, il va former une redoutable paire d'intérieur aux côtés de l'Américain Randall Falker. Demi-finaliste de Pro A en 2014 et 2015, il décide de rejoindre Gravelines-Dunkerque en 2016. Moins impactant que lors de son passage à Nancy, il joue ensuite quelques mois avec le Paris-Levallois puis Strasbourg avant de terminer sa carrière avec Orléans. Comme d'autres, la pandémie de COVID-19 ne lui a pas permis de lui offrir la sortie qu'il mérite. Une sensation amère pour tous les fans de basket. Lui se dit "heureux et en paix".
Un pilier de l'Équipe de France
Avec les Bleus, Florent Pietrus a là encore tout connu. Guerrier de tous les instants, celui que l'on a surnommé "le ministre de La Défense" a, au même titre que ses coéquipiers de la génération 81-82 Tony Parker et Boris Diaw, fait connaître au basket français la plus belle période de son histoire. De sa première sélection en 2001 aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Florent Pietrus est resté fidèle au maillot Bleu et se classe comme un modèle à suivre pour les générations futures. Quatrième joueur le plus capé de tous les temps grâce à ses 230 sélections, il a d'abord remporté la médaille de bronze à L'EuroBasket 2005 puis la médaille d'argent en 2011. En 2013 en Slovénie, il va enfin avoir un retour sur investissement, preuve que ses sacrifices ne sont pas restés vains, en remportant le titre de Champion d'Europe. Sa chasse aux médailles continue ensuite en 2014 et 2015. À la Coupe du Monde puis en France lors du Championnat d'Europe, les Bleus terminent 3e, permettant à Florent Pietrus de ramener deux nouvelles breloques à la maison. Après une dernière danse lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016, il déclare la fin de sa carrière en Équipe de France. Un repos mérité.
Plus qu'un défenseur de premier plan, Florent Pietrus aura marqué les esprits par une envie et une rage de vaincre rarement observées. En mettant fin à sa carrière professionnelle, il ne dit pas malgré tout pas au revoir au basket. Il vient de signer en Nationale 2 avec Metz, club ambitieux de la poule D.