"Pourvu qu’ils restent comme ça jusqu’au bout"
Après une victoire inaugurale face à la Nouvelle-Zélande et une grosse défaite contre la Lituanie, les Bleus sont déjà dos au mur avant d’affronter la Chine. Pour se qualifier en quart de finale, la défaite est interdite. L’entêtement tactique des Chinois leur permettra d’écarter Yao Ming et les siens.
"Avec le recul, je me dis que c’est le match clé des Jeux. Si on avait perdu on tombait dans un scénario catastrophe. Ce match a pris une dimension capitale dans la médaille d’argent." 20 ans après, Patrick Beesley, General Manager de l’Équipe de France masculine, sait de quoi il parle. Après une préparation compliquée et une entame de tournoi mitigée avec un bilan d’une victoire face à la Nouvelle-Zélande et une grosse défaite face à la Lituanie, de nombreuses questions se posent déjà quant à la qualification des Bleus pour les quarts de finale. Opposée à la Chine pour une troisième rencontre déjà capitale, l’Équipe de France n’a pas le droit à l’erreur. "On n’était pas très serein et on jouait un petit peu avec la boule au ventre", note Patrick Beesley. "D’autant plus qu’on savait qu’il fallait laisser deux équipes derrière nous sur la première phase et que la Chine pouvait être une de ces équipes. Ça mettait d’autant plus de pression et d’importance à ce match. Je ne peux pas dire qu’on a préparé la rencontre de la façon la plus sereine."
Devant eux se dresse alors un géant. Yao Ming n’a que 20 ans mais du haut de son 2,29 m, il affole déjà les compteurs dans son championnat local. Le futur numéro 1 de la Draft 2002 en NBA est un superbe cocktail de qualités physiques et techniques. "Il présentait un profil jamais observé", se rappelle Patrick Beesley. "On avait essayé de sensibiliser nos intérieurs, surtout sur le fait qu’il avait tendance à s’écarter et qu’il ne jouait pas uniquement sous le panier. Ça représentait un danger supplémentaire et les intérieurs étaient mobilisés pour le suivre s’il sortait un peu." Avec 14 points, 6 rebonds et 3 contres, le colosse chinois donne quelques sueurs froides au camp français. Pourtant, avec un seul rebond offensif capté, il n’a pas pesé autant sur ce point, preuve que Cyril Julian, Fred Weis, Jim Bilba et Crawford Palmer ont fait leur part du travail. "Les gars ont fait tout ce qu’il fallait. Il ne fallait surtout pas lui donner de deuxièmes chances."
Peu adroit à 3 points lors des deux premiers matchs, les Bleus vont connaître une vraie rédemption dans ce domaine. Portés par un Antoine Rigaudeau en feu derrière la ligne des 6,25 m, ils prennent l’ascendant sur une équipe chinoise restée en zone en défense et qui ne semble pas avoir réellement scouté le "Roi". Une aubaine. Si Rigaudeau pointe à 2/10 à longue distance avant la rencontre il n’en demeure pas moins une menace absolue. 29 points et 6 tirs primés plus tard, Jiang Xingquan, resté impassible sur son banc, paye pour voir. 20 après, le mystère demeure sur ce choix tactique. "Le coach chinois s’est peut-être dit qu’on n’était pas adroit et qu’il allait pouvoir faire une zone. Manque de bol et heureusement pour nous, il se trouve que les premiers tirs sont tombés dedans", ironise Patrick Beesley. "Les Chinois ont dû penser qu’à un moment ça allait s’arrêter. Nous ce qu’on se disait : pourvu qu’ils restent comme ça jusqu’au bout, chacun sa merde. Ce qui a été très fort c’est que toute l’équipe s’est mise au service des shooteurs. Les intérieurs n’avaient qu’un seul boulot, poser des écrans à Rigaudeau et Foirest pour qu’ils sortent avec des bonnes positions de tir." Consigne appliquée avec brio, Laurent Foirest se fendant lui aussi d’une performance de choix avec 22 points inscrits. Distancée de cinq longueurs à la mi-temps, la France renverse la vapeur en se fendant d’un 51-34 lors du deuxième acte.
Après trois rencontres disputées, les Bleus sont désormais à 2-1 avant d’affronter l’Italie et l’ogre américain. La suite dans les prochains jours…
20 ans plus tard, la FFBB fait revivre l’exploit olympique des Bleus à Sydney en 2000 et revient sur la médaille d’argent tricolore à travers son site internet et ses réseaux sociaux.