"Toujours quelque chose de fort"
Chef de délégation des deux Equipes de France aux J.O. de Sydney 2000, Jean-Pierre Siutat est un témoin privilégié de l'épopée olympique des Bleus. Le Président de la FFBB revient sur son expérience australienne et évoque cette médaille d'argent historique pour le basket français.
Nommé General Manager de l'EuroBasket 1999 organisé en France, Jean-Pierre Siutat a vécu de très près la frustrante quatrième place des Bleus dans leur Euro à domicile. Mais si le résultat sportif n'est pas à la hauteur des attentes, l'organisation sans faille de l'événement et le succès populaire sont en revanche une très grande satisfaction pour la FFBB. "C'est pour cela notamment qu'Yvan Mainini (ndlr, président de la Fédération de 1992 à 2010) m'avait nommé chef de délégation des deux Equipes de France, féminine et masculine, pour les Jeux Olympiques 2000. C'était une forme de remerciement de me placer dans ce rôle symbolique" ,se souvient Siutat. "J'ai eu de la chance, la formule des Jeux faisait que les garçons jouaient un jour, et les filles le lendemain. J'étais le seul de la délégation à pouvoir assister à un match de basket olympique par jour" , savoure encore celui qui prenda la présidence de la Ligue Féminine juste après, en 2001.
Aujourd'hui encore, Jean-Pierre Siutat garde un fort souvenir de cette quinzaine olympique historique avec pour la première fois la participation des deux sélections à la compétition reine. "C'est toujours queque chose de très fort de se remémorer Sydney 2000. La vie au village olympique, la fraternité entre les athlètes et les différents sports, la cérémonie d'ouverture aux côtés des athlètes qu'on ne voit qu'à la télévision. Et forcément la compétition de basket avec des dynamiques inversées pour nos deux Equipes de France". Si les joueuses d'Alain Jardel commencent fort, elles vont buter à la suprise générale en quarts de finale sur la Corée. Tout l'inverse des joueurs de Jean-Pierre de Vincenzi, en difficulté en première semaine mais qui vont ensuite se révéler jusqu'à atteindre la finale olympique.
Cette médaille d'argent aux J.O. (la deuxième après celle de 1948), qui précède celle des féminines à Londres en 2012, demeure aujourd'hui encore dans tous les esprits, même si l'exposition de cette performance et son impact ont longtemps fait débat. "Ils auraient mérité une meilleure exposition. On jouait en pleine nuit pour la France avec le décalage horaire, ce n'était pas simple de suivre notre parcours. Et puis, les réseaux sociaux n'existaient pas, et aujourd'hui ça permet de véhiculer l'instantanéité de la performance, encore plus à l'autre bout du monde" , analyse Jean-Pierre Siutat. "Juste après l'atterrisage, avec des Jeux qui se sont terminés le 1er octobre, les joueurs ont dû immédiatement repartir dans leurs clubs respectifs en France et en Europe. Et la saison a commencé, sans qu'on puisse vraiment surfer sur cette médaille. C'est dommage, on hérite d'une mauvaise image depuis 20 ans, mais aurait-on pu faire vraiment mieux ? Je ne sais pas... Cette médaille est historique, mais on a encore ce sentiment de quelque chose qui n'a pas été finalisé..." , regrette le Président de la FFBB.