Interview Moustapha Fall : "Tirer mon épingle du jeu"
Moustapha Fall, Timothé Luwawu-Cabarrot et Guerschon Yabusele cumulent 17 sélections en Équipe de France, n'ont jamais participé à une grande compétition internationale mais font partie des 12 joueurs sélectionnés par Vincent Collet pour les Jeux Olympiques de Tokyo.
Vu pour la dernière fois en Équipe de France en février 2020 lors de la première fenêtre qualificative pour l'EuroBasket 2022, Moustapha Fall (29 ans, 2,16 m) a encore passé un cap depuis. Solide pivot d'EuroLeague avec LDLC ASVEL cette saison, ultra-dominant en Jeep®Élite, la troisième tour de contrôle de la raquette des Bleus va vivre sa première compétition internationale majeure cet été. Entre deux matchs de championnat, il a répondu à nos questions.
Comment avez-vous appris que vous faisiez partie des 12 joueurs sélectionnés pour les Jeux Oympiques ?
On avait match contre Strasbourg en Jeep®Élite jeudi dernier. On était dans le vestiaire, avec toute l'équipe. J’étais avec les kinés pour les soins et au même moment Vincent Collet annonçait la liste en direct sur Tout Le Sport. Il y avait pas mal de joueurs qui suivaient ça dans le vestiaire.
D'autant plus que vous êtes plusieurs joueurs de l'ASVEL à avoir été sélectionné, on imagine la joie dans le vestiaire…
On s’y attendait un peu, on avait eu quelques petits échos par rapport à la liste donc on n'était pas spécialement surpris. Il y avait une très bonne ambiance, les autres joueurs étaient contents pour nous. Dès que Vincent Collet citait un nom, ils criaient. Vraiment, c'était une très bonne ambiance.
Avez-vous pensé que c'était jouable avant l'annonce officielle par Vincent Collet ?
Oui complètement. J’ai toujours eu une très bonne relation avec le coach. Et puis le fait que Vincent Poirier ne jouait pas beaucoup pendant l’année et surtout que je faisais une bonne saison. Je voyais aussi qu’il n’y avait pas tant de postes 5 que ça, je savais que j’avais une carte à jouer. Maintenant est-ce que j’étais sûr d’y être, non pas du tout mais je savais que c’était possible.
Vous avez fait partie des joueurs qui ont qualifié l’Équipe de France à la Coupe du Monde 2019 mais aussi pour le prochain EuroBasket 2022. Aujourd'hui, vous faites partie des 12 pour les Jeux Olympiques, c’est une sorte de consécration ?
C’est sûr que c’est une belle évolution. Après, je pense que je n’ai pas été à la Coupe du Monde 2019 parce que j’avais une pubalgie toute l’année. Mon absence était surtout due à ça, sinon je pense que j’aurais été dans le groupe. J’espère donc finir la saison en bonne santé pour pouvoir aborder les Jeux Olympiques dans la meilleure situation possible.
Quelles différences faites-vous entre ces fenêtres de qualification et une compétition telle que les Jeux Olympiques ?
C’est clairement une occasion de se confronter aux meilleurs joueurs du monde. Ce sera une bonne opportunité de se situer et de voir ce qu’on est capable de faire face à toutes ces équipes.
Vincent Collet a fait le choix de partir avec trois postes 5 de très grande taille. Comment voyez-vous les choses à moins d'un mois du début de la préparation ?
Je n’en pense pas grand-chose pour le moment parce que je n’ai pas eu encore l’occasion d’en parler avec Vincent Collet et le staff. Il a pris Guerschon Yabusele qui joue 4 mais qui peut aussi dépanner en 5, Nicolas Batum va aussi jouer au poste 4, il y a aussi Amath M’Baye. Je pense que l’entraîneur à en quelque sorte triplé chaque poste. Dans un groupe de 12 il y a beaucoup d’options, c’est mieux de partir avec trois pivots. On n’est jamais à l’abri d’une blessure, c’est logique qu’il décide de démarrer comme ça. Après pour les rotations c’est sûr qu’il y en a qui joueront moins mais on verra comment ça se passe.
Surtout qu'une absence de Rudy Gobert, selon son parcours lors des playoffs NBA avec le Jazz d'Utah, pourrait vous donner plus de responsabilités lors des matchs de préparation…
Qu’il soit là ou qu’il ne soit pas là, à partir du moment où tu rentres il faut montrer des choses et essayer de tirer son épingle du jeu. On sait tous que quand il va revenir il va retrouver son statut. C’est assez clair. On doit juste montrer qu’on est capable d’être très performant sur quelques minutes derrière Rudy. Dans tous les cas il faut jouer du mieux possible et montrer qu’on est à ce niveau-là.
Ce n'est pas difficile pour un joueur dominant en club comme vous d'arriver en sélection et de laisser tout ça de côté ?
Non, quand tu arrives en Équipe de France il faut mettre son égo de côté. J’ai l’habitude d’être starter et de jouer mais là je sais que c’est une situation différente où tout est remis à zéro. On sait quel rôle on va avoir, il faut l’accepter, c’est tout. Après on ne sait jamais, il peut y avoir des opportunités, des problèmes de fautes ou des moments où on aura plus besoin de toi. Il faut juste se tenir prêt. C’est un autre challenge, différent de ce que je vois au quotidien.
Finalement, on oublie tout ce qu’on a fait en club quand on arrive en Équipe de France ?
Oui c’est sûr. Ça ne compte plus une fois qu’on arrive en Équipe de France. C’est un autre coach, un autre système de jeu, tout est totalement différent. Il faut juste s’adapter le plus vite possible pour être tout de suite performant.
Vous apportez une menace différente de Rudy Gobert et Vincent Poirier grâce à votre jeu dos au panier. Sentez-vous que vos minutes passeront par votre réussite poste bas ?
Je ne sais pas encore réellement comment Vincent Collet souhaite m’utiliser. Je peux me retrouver à jouer beaucoup de pick and roll, à être utilisé au poste bas. Maintenant c’est sûr que si j’arrive à avoir des ballons, je vais essayer de les rentabiliser du mieux possible.