Tours Eiffel jumelles
La tactique et les circonstances ont poussé la France à jouer avec deux grands face au small ball américain. Un alignement payant avec notamment l’apport de Moustapha Fall et Vincent Poirier.
Depuis l’avènement des Golden State Warriors, le small ball est roi au basket. Un arrière, deux arrières, trois arrières. Un poste 3 décalé en 4. En poste 4 décalé en 5. Les géants sont parfois relégués sur le banc face à des équipes capables d’écarter le jeu et de faire pleuvoir les tirs primés. Les Etats-Unis sont venus à Tokyo avec un seul véritable pivot vieille école, Javale McGee, utilisé 2 minutes dimanche. Bam Adebayo joue à ce poste mais ne culmine qu’à 2,06 m et Draymond Green dépanne avec son petit double mètre.
Si Evan Fournier a été l’exécuteur des hautes œuvres dans les dernières minutes, c’est pourtant en jouant avec deux éléments à plus de 2,10 m ensemble sur le terrain que l’Equipe de France a renversé le match lors d’un troisième quart-temps sublime. Un coup de génie et un coup de chance puisque c’est la blessure de Timothé Luwawu-Cabarrot après une minute au retour des vestiaires qui a précipité cet ajustement. Vincent Poirier a alors été aligné au côté de Rudy Gobert, livrant 10 minutes productives (3 points, 4 rebonds, 2 passes) ponctuées d’un +10 sur la période. "Je rentre parce que Timothé se blesse. Je suis le premier surpris", souriait le pivot du Real Madrid. "Mais mon état d’esprit c’était de rester concentré. Il faut être prêt. J’ai tout donné et ça a réussi. Ce n’était pas forcément prévu de jouer avec deux grands face à ce type d’équipe. Coup de poker, ça a marché, tant mieux." Une configuration inédite quasiment jamais testée mais au rendu séduisant. "On a dû passer cinq minutes à le faire à un entraînement et on ne l’a pas fait en match de préparation. Je rentre sur un poste 4 sur lequel je n’ai pas l’habitude de jouer. J’ai essayé de bien faire les choses, c’est tout."
Dès les premières minutes, l’Equipe de France avait décidé d’exploiter ses grands et Rudy Gobert (14 points, 9 rebonds) a pesé tout au long du match. Moustapha Fall, que Vincent Collet avait choisi de sélectionner pour les Jeux Olympiques afin d’offrir un point de fixation dos au cercle qui manquait parfois aux Bleus, a également parfaitement exploité son temps de jeu (7 points, 4 rebonds en 11’). "Plusieurs joueurs à des moments différents ont apporté un gros plus. Et ça c’est une équipe", se félicitait le coach tricolore. "On sait qu’ils jouent small ball, ils sont rapides avec de fortes individualités. Nous il faut jouer différemment. Si on joue comme eux on ne va pas y arriver", remarquait de son côté le nouveau joueur de l’Olympiakos.
A la sortie du parquet, les Bleus savouraient avec retenue leur deuxième victoire consécutive sur les Etats-Unis version NBA. Les Jeux n’ont commencé que depuis 48 heures et le prestige de ce succès ne garantit rien pour la suite. "Le deuxième match est le plus important et je le pense toujours. Il va falloir redescendre même si ce n'est pas facile", mettait d’ailleurs en garde Vincent Collet en conférence de presse.