Les Bleus pour une médaille
L'Equipe de France retrouve le dernier carré des Jeux Olympiques pour la première fois depuis 2000, en battant l'Italie 84-75. Elle jouera pour une médaille. Première étape jeudi face à la Slovénie.
Vincent Collet sait d’expérience qu’une Italie, même diminuée, peut être dangereuse dans les moments décisifs. Il était de la déroute du match pour le bronze à l’EuroBasket 2003 comme assistant d’Alain Weisz. Un revers qui avait privé les Bleus des Jeux Olympiques d’Athènes. La France avait dû attendre encore neuf ans avant de retrouver les cimes olympiques. Il est des opportunités dans la vie qu’il ne faut pas laisser passer. De vraies chances à saisir sous peine de nourrir d’éternels regrets.
Le quart de finale des Jeux Olympiques, contre une Italie que personne n’attendait à ce niveau, en faisait incontestablement partie. Mais sur une fantastique dynamique depuis sa démonstration au TQO de Belgrade, la Squadra Azzurra était un adversaire à respecter et auquel il est préférable de ne pas donner confiance. Tout ce que l’Equipe de France n’a pas fait lors d’un premier quart-temps où elle a laissé échapper six ballons, faisant preuve parfois d’une légèreté coupable pour un match d’un tel enjeu. Les hommes de Meo Sacchetti n’en demandaient pas tant et profitaient des offrandes dans le sillage de Simone Fontecchio, la révélation de la saison en Euroleague.
L’Italie joue au large. Très au large. Utilisé comme pivot, Nicolo Melli est un vrai poste 4 qui passe sa vie au-delà de la ligne à trois-points. Et quand il sort, Sachetti n’hésite pas à aligner le duo Achille Polonara-Danilo Gallinari à l’intérieur. Une combinaison qui force les grands gabarits français à sortir loin de leur zone de confort désorganisant parfois l’articulation défensive des Bleus.
Mais ces derniers n’ont pas dévié de leur plan de jeu et ont fini par faire payer ce small-ball à outrance. Un temps menés de sept longueurs (20-27), ils ont trouvé en Thomas Heurtel l’étincelle offensive qui a lancé un 13-3 salvateur. Après Rudy Gobert en début de rencontre, c’est Moustapha Fall qui se voyait gavé de ballons près du cercle. Si la France continuait d’offrir des munitions aux Italiens, Nicolas Batum jouait les pompiers de service pour effacer ces erreurs (7 pts, 8 rbds, 2 blks à la pause) et Evan Fournier, quelques heures après avoir signé un contrat de 78 millions de dollars avec les Knicks, poursuivait inlassablement d’attaquer le panier. L’Italie manquait de plier (39-34) mais Gallinari s’assurait que le suspense resterait entier au moment de regagner les vestiaires (43-42).
La première action de la deuxième mi-temps, une banale remise en jeu ratée, a sans doute fait hurler un staff technique épuisé de voir ses ouailles donner le bâton pour se faire battre. Mais Vincent Collet et ses assistants ont rapidement été rassurés par la formidable activité d’un Nicolas Batum omniprésent des deux côtés du terrain. Gobert et Fournier au diapason, l’Equipe de France suivait le rythme imposé par ses leaders. Plus agressive en défense et collective en attaque elle trouvait ses shooteurs pour des tirs ouverts et mettait l’Italie au supplice (62-48).
La belle circulation de balle s’arrêtait pourtant soudainement à la faveur de rotations moins efficaces. Le retour des titulaires ne changeait pas grand-chose à la donne. Pendant huit interminables minutes à cheval sur le troisième et le quatrième quart-temps la France n’inscrivait plus le moindre panier dans le jeu. Les jambes coupées elle voyait Fontecchio réaliser un festival et ramener les siens à égalité (66-66). Les Azzurri tout heureux d’avoir été ainsi relancés étaient encore à hauteur à 90 secondes du buzzer (73-73) mais deux actions décisives de Thomas Heurtel envoyaient les Bleus en demi-finale.
Les réactions
Vincent Collet : "Je suis très heureux, très satisfait que finalement nous ayons réussi. C’était le genre de match qu’on attendait. On savait ce qu’ils avaient fait contre la Serbie, la manière qu’ils ont d’attirer les grands à l’extérieur. C’est difficile pour nous mais Gobert et Fall ont fait les efforts, même quand ils changeaient sur les arrières. Nous avons ralenti pendant cinq minutes très dures. Nous avons totalement perdu notre rythme et l’Italie est revenue. Heureusement on a réussi des stops et des tirs dans le money-time. Il va falloir que l’on prenne soin du ballon beaucoup plus en demi-finale. Ce n’est pas possible de perdre autant de ballons surtout sur des erreurs de concentration."
Evan Fournier : "C’est une équipe qui joue très dur et qui pose de réels problème. Pas qu’à nous mais à toutes les équipes parce qu’ils n’ont pas vraiment de grands. Nos grands sont très imposants et peut-être un peu moins mobiles. C’était une matchup que je redoutais personnellement. On s’est quand même sorti du piège même si on merde en fin de troisième début de quatrième quart-temps. On a été résilients et on a fait les stops quand il fallait. Jouer les Italiens va nous préparer à la Slovénie qui a un profil similaire avec des intérieurs fuyants. Mais si on refait 20 pertes de balle nous n’avons aucune chance."
Thomas Heurtel : "Vincent m’a fait confiance à la fin. Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas peur de prendre mes responsabilités. J’ai pris mon tir sans réfléchir au score et c’est rentré. Est-ce que ça me rappelle la demi-finale contre l’Espagne à la Coupe du Monde 2014 ? J’espère que nous n’aurons pas la même fin."