Face au monstre
En demi-finale des Jeux Olympiques, l’Equipe de France affronte la Slovénie, championne d’Europe en titre et invaincue en compétition internationale avec le phénomène Luka Doncic dans ses rangs.
Seules les fenêtres FIBA ont réussi à stopper la Slovénie. Depuis 2017 l’ancienne république yougoslave, 2 millions d’habitants seulement, a enchaîné 17 victoires consécutives lorsqu’elle a l’occasion d’aligner Luka Doncic. 9 succès à l’EuroBasket en 2017 pour un triomphe continental historique. 4 victoires au TQO de Kaunas. 4 autres enfin aux Jeux Olympiques de Tokyo. Une série surréaliste qui ne prend donc pas en compte la bérézina des qualifications à la Coupe du Monde 2019 (3 victoires, 9 défaites). Privée de sa star mais aussi le plus souvent de ses meilleurs joueurs d’Euroleague, la Slovénie avait manqué sa qualification pour la Chine.
Doncic de retour cet été, elle a repris sa marche en avant. Et de la plus spectaculaire des façons. A 19 ans, le phénomène avait mis l’Euroleague à ses pieds avec le Real Madrid. En trois saisons seulement avec les Mavericks il a fait taire tous ceux qui doutaient de sa capacité à s’adapter en NBA. Et pour sa première compétition comme patron de sa sélection, il survole les Jeux Olympiques : 26,3 points, 10,0 rebonds et 8,0 passes décisives de moyenne. Des chiffres qui donnent le tournis. "En 30 ans je n’ai jamais vu un joueur dominer autant qu’il ne le fait sur ce tournoi", a déclaré l’entraîneur argentin du Japon, Julio Lamas, après le passage de la tornade.
Avec 105,8 points marqués en moyenne la Slovénie est un train lancé à pleine vitesse que personne n’arrive à stopper. Avec elle, il s’agit de choisir son poison. "On verra quel est le plan", estime Evan Fournier. "Couper tous les autres et le laisser jouer tout le match ou le couper lui et laisser les autres… Mais le but n’est pas de le stopper, c’est de gagner." Personne n’a pour l’heure trouvé la bonne formule. L’Espagne, référence en matière de défense, a passé le plus clair de sa rencontre en "box and one", quatre joueurs alignés en zone tandis qu’un cinquième s’occupait exclusivement du cas Doncic. Des prises à deux voire à trois ont limité le prodige à 7 tirs mais il a disséqué cette défense avec patience et vista. Sa taille et sa vision lui ont permis de capter 14 rebonds et délivrer 9 passes décisives à l’armée de shooteurs qui l’entoure (près de 40 tirs à trois-points tentés par match !).
L’Equipe de France avait volé en éclats à l’EuroBasket 2017 (78-95) et le défi 2021 s’annonce tout aussi compliqué face à une escouade parfaitement hiérarchisée où chaque élément accepte et maîtrise son rôle à la perfection. "Ils sont plus forts qu’en 2017", estime Vincent Collet. "Déjà parce que Doncic a quatre ans de plus. Les autres sont à maturité. Et ils semblent possédés. Ils élèvent leur niveau sous le maillot national et sont portés par Doncic qui donne une confiance incroyable à cette équipe."
La confiance, l’Equipe de France l’a retrouvée depuis son arrivée à Tokyo. Le succès d’entrée face à Team USA a confirmé que ses ambitions n’étaient pas démesurées et ses leaders ont répondu présents dans les moments clés. Après avoir brisé le plafond de verre que constituait les quarts de finale, les Bleus veulent voir plus loin. "C’est la plus belle des compétitions. Les Jeux Olympiques sont la référence pour le basket. Etre dans le dernier carré, quand on connaît la concurrence mondiale, c’est une vraie satisfaction", avance Vincent Collet. "Mais on est gourmand même si on sait que l’adversaire qui se présente est redoutable."