Une finale de rêve
L'Equipe de France est en finale des Jeux Olympiques pour la troisième fois de son histoire après avoir éliminé la Slovénie au terme d'une demi-finale exceptionnelle. Elle retrouvera les Etats-Unis pour l'or.
Qui est le meilleur joueur de l’histoire ? Un débat qui enflamme en général les débats entre les partisans de Michael Jordan, ceux de LeBron James ou de Kobe Bryant.
Qui est en ce moment le meilleur joueur du Monde ? Ceux qui suivent les Jeux Olympiques pourront également s’écharper. Après avoir vu Kevin Durant massacrer consécutivement l’Espagne et l’Australie avec une écœurante facilité, la question méritait d’être posée.
Tokyo voit évoluer deux extra-terrestres depuis le début du tournoi olympique. Et Luka Doncic n’a pas tardé à confirmer ce statut lors du premier quart-temps face à l’Equipe de France. Nicolas Batum avait pourtant eu l’excellente idée de le contrer sur la toute première possession du match. Mais le joueur des Mavericks en a vu d’autres et a rapidement débuté son découpage chirurgical de la défense tricolore. Après dix minutes il affichait déjà 10 points, 3 rebonds et 5 passes décisives au compteur et la Slovénie était déjà partie sur des bases offensives toujours aussi folles dans le contexte FIBA (29 points).
Beaucoup d’équipes auraient explosé mais les Bleus ont cette année une force de frappe supérieure à celle de la Coupe du Monde 2019. Jeudi, c’est Timothé Luwawu-Cabarrot qui est apparu à la rescousse quand le bateau tanguait (18-25). L’arrière des Nets inscrivait 8 points consécutifs pour remettre la France dans le sens de la marche. Rassurée, elle haussait le ton défensivement. Les longs segments de Batum gênaient les shooteurs et Rudy Gobert jouait les derniers remparts à la perfection à l’image d’un contre monumental sur Edo Muric parti au dunk.
Doncic, parti souffler quelques instants sur le banc, revenait aux affaires, cette fois poursuivi par Frank Ntilikina. La demi-finale avait cependant changé de visage, soudain devenue plus dure, plus âpre. Les pourcentages de réussite s’en ressentaient et les seconds rôles prenaient le relai des acteurs principaux, Guerschon Yabusele et Klemen Prepelic se chargeant d’alimenter la marque. A la pause les deux équipes étaient toujours dos à dos (42-44).
La sortie des vestiaires était marqué par par le retour de l’adresse pour Evan Fournier et par l’immense travail de Nicolas Batum sur Doncic. Le Slovène est un génie mais également une diva qui passe son temps à passer ses nerfs sur les arbitres. Son agacement lui a finalement valu une faute technique et c’est toute son équipe qui a semblé rattrapée par la tension et la frustration. Nando De Colo profitait de ses mouvements d’humeur pour enfiler les lancers-francs puis un tir primé (63-56) qui offraient aux Bleus leur premier avantage marquant (63-56, 26e). L’écart atteindra les dix unités grâce à la démonstration de De Colo sur la période (12 pts) avant une réaction slovène à coup de trois-points.
Jaka Blazic réglait la mire et les champions d’Europe fondaient sur les Bleus avec comme exécuteur des hautes œuvres Mike Tobey, Américain bon teint qui a découvert Ljubljana et ses charmes il y a tout juste deux mois. L’intérieur de Valence profitait des swtiches défensifs pour s’imposer au rebond offensif (78-78). Le match devenait alors complétement fou entre fautes techniques et exploits individuels. Klemen Prepelic répondait à Timothé Luwawu-Cabarrot à trois-points et au buzzer Nicolas Batum sortait l'action d'une carrière en contrant sur la planche l'ultime tir de Prepelic.
Après 1948 et 2000, l'Equipe de France est à nouveau en finale des Jeux Olympiques !
Les réactions
Vincent Collet : "C’était un match fantastique et il faut deux équipes pour que ce soit le cas. L’action de Nicolas Batum est fantastique et décide qui est le perdant et qui est le vainqueur. Les deux équipes refusaient de perdre ce match et c’est pour ça qu’à chaque fois il y a eu une réaction quand l’un des deux étaient en difficulté. A +10 je pensais que le plus difficile était fait mais ce n’était pas le cas. Je pense qu’on a fait ce qu’il fallait pour les ralentir. Ils jouaient des rencontres à 95 possessions et on voulait les limiter. Cela fait 21 ans que le basket français n’a pas été en finale. Depuis le début du tournoi nous attendons ça. En 2000 c’était une surprise. En 2019 à la Coupe du Monde nous avions été frustrés par la demi-finale et cette fois on voulait finir le job. Je sais que les Etats-Unis sont favoris mais j’espère que nous aurons la même énergie samedi. On ne pouvait pas faire un match moyen pour battre cette Slovénie. Il fallait mériter cette place en finale. Cette victoire est la plus importante de ma carrière. Dans la vie d’un sportif les Jeux Olympiques sont à part. Quand j’étais gosse je rêvais de jouer un France-Etats Unis en finale. Je l’ai dit à Popovich au premier match."
Nando De Colo : "C’était un match incroyable. L’un des meilleurs auquel j’ai pris part avec l’équipe nationale. Nous avons respecté le plan de jeu pendant 40 minutes. Et à la fin notre esprit d’équipe a vraiment fait la différence. On sait depuis le début ce que les Américains sont capables de faire. On a énormément de respect pour cette équipe mais on jouera la finale avec la confiance. Ce qui compte c’est ce que nous allons faire tous ensemble pour essayer de les battre."