Maître du jeu, maîtres des Jeux
Les Etats-Unis ont remporté leur quatrième titre olympique consécutif en dominant l’Equipe de France en finale (87-82). Les Bleus monteront dans la soirée sur la deuxième marche du podium.
Il est des rêves dont on voudrait ne jamais se réveiller. Mais la réalité est implacable. Et les Etats-Unis ont ajouté une nouvelle médaille d’or à leur collection.
Dès la première action de la rencontre, les Bleus servaient Rudy Gobert qui montait au dunk sur Kevin Durant. Alimenter les grands et laisser à tout prix Team USA sur demi-terrain faisaient partie des incontournables pour rester dans la roue des Américains. Ces derniers allaient signer un 2/11 aux tirs dans les cinq premières minutes confortant les Bleus dans leurs options. Si Gobert causait bien des dégâts dans la raquette, quelques hésitations en attaque et trop de balles perdues ne permettaient pas de faire fructifier ce mauvais passage (12-6). Et quand la machine infernale Kevin Durant se mettait en branle, les triples champions olympiques débutaient un 3-12 qui les relançaient pleinement.
Les Etats-Unis ne pardonnent aucune erreur, aucun relâchement. Les Australiens en demi-finale avaient à peine eu le temps de lever les yeux vers le panneau d’affichage indiquant +15 qu’ils comptaient déjà 10 points de retard. La France a connu le même sort, ou presque. Jayson Tatum prenait le relai de Durant et de l’autre côté du terrain la défense US, et notamment la sangsue Jrue Holiday, tenait parfaitement les duels à l’extérieur. Le meneur des Bucks n’est pas la plus exposée des stars NBA mais depuis le début des Jeux il donne souvent le ton pour les troupes de Gregg Popovich. Il entraîne avec lui une équipe au talent exceptionnel mais qui devient véritablement injouable lorsqu’elle décide de changer de braquet défensivement.
Leur capacité à étouffer les porteurs de balle et le pur génie de Durant (21 pts à la pause) ont permis à Team USA de compter jusqu’à 13 points d’avance (26-39). Le danger était grand de totalement céder. Mais les Bleus ont continué d’abreuver en ballon Rudy Gobert qui provoquait faute sur faute. Sans un léger déchet aux lancers-francs la France aurait même pu faire plus que rester dans la roue (44-46, 21’).
La recette ne changeait pas au retour des vestiaires. Holiday infranchissable, Durant inarrêtable les Etats-Unis parvenaient systématiquement à préserver un matelas d’une dizaine de points d’écart malgré les efforts de Gobert et d’un Guerschon Yabusele efficace. Quand après avoir largement gêné Fournier, Holiday poursuivait son travail de démolition en muselant Heurtel les Américains s’offraient quelques paniers meurtriers en transition (57-71). Mais deux tirs à trois-points consécutifs de Timothé Luwawu-Cabarrot, irréprochable depuis le début du tournoi, et Nicolas Batum redonnaient de l’espoir à l’Equipe de France.
Popovich sentait le danger soudain bien réel quand Frank Ntilikina s’élevait à longue distance (70-73). A cinq minutes tout semblait encore possible mais en un éclair le trio Lillard-Holiday-Tatum se chargeait de redonner de l’air à leur équipe. Jamais l'Equipe de France n'a renoncé dans cette finale olympique. Elle s'est battue pour son rêve jusqu'à la dernière seconde.
Les réactions
Vincent Collet : "Je suis bien évidemment déçu mais aussi très fier de ce qu’on fait mes joueurs. Pas seulement sur ce match mais aussi pendant le tournoi. Nous avons joué avec le cœur et avec intelligence et ce soir nous voulions gagner ce match. Nous savions qu’ils étaient favoris mais sur un match tout est possible et nous voulions les pousser aussi loin que possible. Malheureusement nous avons fait quelques erreurs en fin de troisième quart-temps, début du quatrième en perdant des ballons. Le plan était de jouer intérieur mais à un moment nous avons trop dribblé et trop cherché la pénétration. Face à leur pression cela a coûté des pertes de balle et face à eux c’est mortel. Cette médaille est une grande satisfaction. Nous avons gagné cinq médailles ces dix dernières années mais les Jeux Olympiques représentent beaucoup au basket et on peut voir la différence avec l’équipe qu’a envoyé Team USA. Bien sûr nous sommes fiers mais cela nous rend encore plus exigeants. C’est la mentalité de ce groupe. On pense qu’on peut être meilleur. Parce qu’on veut gagner."
Rudy Gobert : "On savait qu’ils seraient très agressifs sur la balle et on savait que si nous perdions des ballons c’était panier derrière. Ils se nourrissent de ces séquences. Ils ont énormément de talent et ils vont mettre des shoots sur lesquels personne ne peut défendre. Mais avec les pertes de balle et les lancers-francs manqués on s’est tiré une balle dans le pied. On n’a jamais abandonné. J’espère que tous les jeunes qui nous regardent ont pu voir que lorsque tu crois en tes coéquipiers, en tes coaches et en toi, que tu travailles pour accomplir tes objectifs, peut-être que tu n’y arriveras pas forcément mais tu vas t’en approcher. Notre rêve ne s’arrête pas là. Les Jeux de Paris arrivent dans trois ans. Allons de l’avant."
Nicolas Batum : "Les détails nous ont coûté le match. On avait annoncé avant le tournoi qu’on visait l’or et nous étions vraiment tout proches. Avec les jeunes qui arrivent derrière je pense que le futur est beau pour la France. Le fait d’être déçu c’est une satisfaction ! On n’est pas satisfait d’une médaille d’argent aux Jeux Olympiques et ça c’est une satisfaction. On a installé une base avec la génération Parker et Diaw. On espère inspirer maintenant la suite : on veut être au top. On y croit et on y croira à chaque fois. On espère que le basket français continuera à glaner des médailles et pourquoi pas une médaille d’or."