Démonstration en deux temps
Bousculée en première mi-temps, l'Equipe de France a fait exploser la République tchèque (95-60) à la faveur d'un troisième quart-temps supersonique. Elle conforte la première place de sa poule.
Le postulat de base est connu lors de ces rencontres de qualification : la France est supérieure sur le papier. Encore faut-il le démontrer sur le terrain, même face à un adversaire diminué par les absences de marque. A Tokyo, les Bleus avaient été cueillis à froid par le basket léché de la République tchèque, encaissant 28 points au premier quart-temps. Si Vincent Collet espérait que ses trouves avaient retenu la leçon et allaient rapidement éconduire ce prétendant à une place pour la Coupe du Monde 2023, il a vite déchanté.
Dans une Accor Arena qui a rendu un vibrant hommage à Boris Diaw, honoré, en compagnie de sa maman Elisabeth Riffiod, pour leurs 247 sélections en Equipe de France, les Tchèques ont reproduit leur départ en boulet de canon. Un 2-10 en à peine plus de deux minutes jetait un froid dans la salle et si un Guerschon Yabusele tantôt en mode panzer, tantôt en mode sniper, alimentait la marque, les Bleus manquaient clairement de liant collectif, se lançant trop souvent dans des raids individuels peu concluants. Le chantier offensif évoqué mardi en conférence de presse est encore une réalité et le 5/18 aux tirs du premier quart-temps l’a rappelé. Le voyage jusqu’à l’EuroBasket ne sera pas un long fleuve tranquille pour une équipe largement renouvelée (6 vice-champions olympiques seulement) et le tangage du bateau bleu a été d’autant plus inquiétant que les hommes de Ronen Ginzburg ont par deux fois porté leur avantage à +10, profitant d’une adresse tricolore en en berne, qui contrastait avec le festival de Vojtech Hruban. Le joueur emblématique de Nymburk a démontré pourquoi il est aujourd’hui le meilleur marqueur de l’histoire de la BCL se fendant de 14 points à la pause.
La solide entrée de Terry Tarpey, la présence de Rudy Gobert et la vista de Thomas Heurtel permettaient cependant de limiter les dégâts (38-42). Et après une longue interruption liée à un problème avec un des paniers, c’est ce même trio qui brisait la résistance tchèque à la faveur d’un 18-2 autoritaire. Une série qui devait beaucoup à l’exceptionnel engagement de Tarpey. L’ailier manceau regagnait d’ailleurs le banc sous les acclamations du public. Pendant ses dix minutes de présence sur le parquet, l’Equipe de France affichait un hallucinant +19. Les fans parisiens soufflaient et pouvaient saluer avec plus de sérénité le show de la troupe ukrainienne des Red Foxes le jour de l’indépendance de leur pays. Ils s'enflammaient ensuite pour une rencontre transformée en concours de dunks par des Bleus qui ne lâchaient plus leur proie et trouvaient de nouveaux contributeurs à l'image d'un Timothé Luwawu-Cabarrot déchaîné et qui battait, comme Yabusele, son record de points en sélection.
Ce n’est pas un constat plein de fiel que de souligner que l’Equipe de France 2022 est encore loin de pouvoir prétendre à un podium européen. Vincent Collet l’avait évoqué sans détour avant la rencontre : "Nous ne sommes pas, aujourd’hui, au niveau pour battre les meilleures équipes européennes." Mais sur certaines séquences, les Bleus démontrent qu’ils peuvent parfaitement prétendre se mêler à la lutte avec slovènes, grecs et serbes attendus comme les favoris de l’EuroBasket. Leur troisième quart-temps conclu sur un 28-8, tout en agressivité défensive, présence sur les lignes de passe et jeu de relance est une illustration d’un potentiel qui dépend de la volonté d'un groupe de rester fidèle à une identité défensive qui peut les porter très loin.
Mercredi soir, la République Tchèque en a fait les frais lors de la deuxième mi-temps (de +4 à -35 !). Le chemin vers la Coupe du Monde est dégagé, il pourrait s'ouvrir encore plus samedi soir après un déplacement en Bosnie.