Bosnie-France : Tombés dans le piège
Après deux prolongations, l'Equipe de France a été battue par la Bosnie (90-96). Même si la défaite ne remet pas en cause la qualification pour la Coupe du Monde, elle coûte la première place de leur poule aux Bleus.
Encore un faux départ. Vincent Collet n’avait que peu goûté la production de ses troupes lors du premier quart-temps contre la République Tchèque (18-27). Samedi soir, à Sarajevo, les Bleus ont fait pire, multipliant les mauvais choix (5 balles perdues en 4 minutes) et les approximations défensives pour offrir aux Bosniens une occasion en or de se racheter de leur triste prestation face au Monténégro et d’enflammer une salle Mirza Delibasic qui n’attendait que ça.
Vincent Collet tranchait dans le vif en sortant rapidement l’intégralité de sa ligne extérieure mais le mal était fait et la furia locale bien installée. Le meneur de Strasbourg, l’Américain John Roberson, s’était chargé d’allumer la mèche (8 pts à 3/3) et la star des Blazers, Jusuf Nurkic, jouait des coudes pour se frayer un chemin vers le cercle, emportant tout sur son passage. "The Bosnian Beast" n’a pas volé son surnom et l’Equipe de France a sombré, pointant à -18 sur l’un de ses tirs (6-24). Une réussite qui contrastait avec la maladresse extérieure des Bleus, sonnés mais qui allaient une nouvelle fois inverser la tendance en un temps record.
La salle était ainsi soudainement climatisée par un deuxième quart-temps supersonique. En dehors de Dzenan Musa, le principal créateur, les attaquants bosniens étaient totalement muselés par des Tricolores présents sur toutes les lignes de passes, concentrés sur les rotations défensives et qui multipliaient les interceptions. Des ballons récupérés transformés en jeu rapide et en paniers faciles. En cinq minutes, un 15-0 rééquilibrait les débats. Evan Fournier et Thomas Heurtel, désormais réglés ne lâchaient plus leur proie et après avoir signé un différentiel de +22 au deuxième quart-temps, la France flirtait avec un K.-O. définitif au retour des vestiaires, portant son avantage à 51-39. Mais la réussite longue distance disparaissait à nouveau malgré des positions ouvertes et une série répondait à une autre.
Avec Nurkic sur le banc pour trois fautes, l’Equipe de France encaissait un surréaliste 0-20 en 9 minutes. Un naufrage qui faisait chavirer de bonheur un public tout à coup debout. Dominés au rebond, battus dans l’engagement et aphones de loin, les Bleus laissaient filer le momentum et un dunk gigantesque de Nurkic prolongeait l’euphorie ambiante (55-65). 32 points au deuxième quart-temps, 5 au troisième, dire que les Bleus version 2022 sont difficilement lisibles est un doux euphémisme.
Nurkic plus bulldozer que jamais poursuivait son entreprise de destruction massive mais une soudaine poussée de fièvre d'Evan Fournier offrait à la France une lueur d'espoir. Dans un final étourdissant, le scoreur des Knicks multipliait les exploits et son interception suivi d'un dunk à 8 secondes du buzzer envoyait le match en prolongation.
Cinq minutes supplémentaires pour un suspense insoutenable, les deux équipes se rendant coup pour coup dans le sillage de leurs leaders, Nurkic-Musa d'un côté, Gobert-Fournier de l'autre. Un duel qui ne trouvait pas son vainqueur lors de la première prolongation et qui voyait les deux pivots NBA sortir pour cinq fautes. Dans une ambiance survoltée, d'inattendus joueurs de rôle bosniens réalisaient des stops défensifs décisifs et à Aleksandar Lazic à trois-points enterraient les derniers espoirs tricolores.