Un nouveau chapitre
Vice-championne olympique, l’Equipe de France a un statut à défendre. Mais amputée de deux membres de son cinq majeur, elle doit se réinventer pour viser les sommets.
340 sélections. C’est ce que pèsent Nando De Colo et Nicolas Batum en Equipe de France. Ces deux monuments ont choisi de faire l’impasse sur l’EuroBasket 2022 et ces absences changent clairement la donne pour les finalistes des Jeux. C’est bien une nouvelle histoire que doit écrire l’Equipe de France. "Nous n’avions pas su le faire en 2017", note Vincent Collet en référence au dernier EuroBasket, qui s’était soldé par une élimination prématurée en huitièmes de finale. "Il ne faut pas oublier. On doit s’en servir pour éviter des erreurs commises à l’époque."
La première compétition internationale post-Parker et la dernière de Boris Diaw avait notamment été marquée par un délitement de l’identité défensive des Tricolores. Jamais l’équipe n’avait donné sa pleine mesure dans ce domaine et les messages incessants du staff dans ce domaine n’étaient clairement pas passés. Cinq ans, une médaille de bronze et une médaille olympique plus tard, l’Equipe de France a su se réinventer. Notamment grâce à une hiérarchie bien établie. Avec deux joueurs de son cinq majeur en moins, les cartes vont forcément être redistribuées et de la capacité des Bleus à trouver la cohésion et conserver un projet collectif commun au-delà des ambitions d’affirmation personnelle détermineront la réussite de la campagne.
Le talent, l’Equipe de France en a en réserve. Avec Rudy Gobert, elle peut se reposer sur une tour de contrôle défensive unique au Monde. Le nouveau pivot du Jazz a remporté quatre médailles en cinq compétitions avec les Bleus et nourrit toujours des ambitions élevées : "L’objectif n’est pas simple. Mais il est clair. Je vise la médaille d’or. C’est le cas à chaque compétition. On sait que la tâche sera difficile mais on croit en nos forces. Ça m’excite encore plus de pouvoir jouer contre une opposition aussi relevée qu’à cet EuroBasket. Plus l’opposition est grande, plus la victoire est belle." Son compère de la génération 92, Evan Fournier, partage cet état d’esprit et a été le leader offensif de l’Equipe de France à la Coupe du Monde 2019 puis aux Jeux Olympiques.
Le capitaine Fournier et le co-capitaine Gobert guideront un groupe rajeuni et assez inexpérimenté. Car si Guerschon Yabusele et Timothé Luwawu-Cabarrot ont joué des rôles décisifs à Tokyo, il ne s’agissait là que de leur toute première compétition internationale. Amath M’Baye, blessé aux Jeux, n’a également qu’une Coupe du Monde à son actif. Dans ces conditions, la stabilité apportée par les vétérans de l’Euroleague que son Thomas Heurtel, Vincent Poirier et Moustapha Fall est capitale. Cet été, la France comptera également sur les retours de Théo Malédon et Elie Okobo qui ont pris une nouvelle dimension depuis leur précédent passage en bleu il y a trois ans. Enfin Terry Tarpey sort d’une préparation remarquable dans un rôle d’energizer et Andrew Albicy a fait son retour pour se charger des missions défensives.
Le potentiel de l’Equipe de France est évident et si Vincent Collet le confirme, il apporte également un bémol à ce constat. "J’ai confiance dans notre potentiel mais pour l’instant il n’est pas optimisé", sourit-il, évoquant la difficulté de se positionner entre reconstruction et confirmation.
Les Bleus n’ont clairement aucune marge et la concurrence s’annonce féroce. "Le fait de ne faire qu’un seul EuroBasket par olympiade relève forcément le niveau", note Vincent Collet. "Tout le monde fourbit ses armes avec des équipes impressionnantes sur le papier. Quand bien même nous avons les objectifs les plus élevés qui soit, il ne faut pas y aller béatement. Les obstacles vont être rudes et dès le début."