Yabusele, doublement décisif
Incontournable avec le Real Madrid, Guerschon Yabusele l’est également devenu en Equipe de France, des deux côtés du terrain.
Dire que Guerschon Yabusele est désormais une plaque tournante de l’Equipe de France est une évidence. Pour sa première compétition internationale, l’an passé aux Jeux Olympiques, l’intérieur du Real Madrid avait ramené une médaille d’argent de son périple japonais. Depuis Tokyo, son impact statistique a doublé et il dispute aujourd’hui le statut de meilleur marqueur du groupe France à Evan Fournier sur l’EuroBasket (14,8 pts à 55,8%), affichant une régularité bienvenue au sein d’une équipe qui, elle, traverse encore des temps faibles pénalisants. "Je n’arrive pas à l’expliquer", concède-t-il. "On en est conscient et on essaye de travailler sur ça, de contrôler nos pertes de balles qui les ont laissés revenir dans le match."
Une inconstance qui a forcé Vincent Collet à relancer Yabusele lorsque le bateau tanguait, lui qui avait joué un rôle capital dans le début de rencontre en défendant sur Jusuf Nurkic. Un changement défensif, "inspiration tardive" de son entraîneur : "Halilovic est un poste 4 qui ne tire pas. Donc j’en ai parlé à Rudy Gobert et Guerschon pour voir si ça ne leur posait pas de problèmes." La stratégie a porté ses fruits, le pivot des Blazers rendant une copie à 4/13 aux tirs, dont près de la moitié pris à trois-points. "Vincent comptait sur moi pour le déranger au post-up, au niveau de la force, pour passer devant, le gêner sur ses dribbles, les main-à-main. Tous ces petits détails qui font qu’il n’était pas trop à l’aise. Je pense que dans l’intensité, l’énergie, le combat, j’ai réussi à l’impacter."
Défensivement déterminant, Yabusele a également continué à peser de l’autre côté du terrain, alternant, comme depuis le début du tournoi, tirs de loin et paniers près du cercle. Un mélange de puissance et d’adresse qui en font, à 26 ans, l’un des meilleurs joueurs d’Euroleague et qui pourrait lui rouvrir les portes d’une NBA qu’il n’a que brièvement fréquentée (74 matches avec les Celtics entre 2017 et 2019). "Il a beaucoup progressé en termes de compréhension du jeu", remarque Thomas Heurtel. "On voit qu’il est plus calme, il fait de meilleurs choix en attaque et défensivement il peut défendre sur plusieurs postes." Pour Vincent Collet également, c’est bien la maturité qui permet aujourd’hui à Yabusele de donner sa pleine mesure : "Il a d’énormes qualités et c’est la connaissance, l’expérience qui vont lui permettre de les exploiter. Il peut tout faire offensivement et sa qualité de passe nous offre également beaucoup de solutions."
A Cologne, "l’ours" noircit les feuilles de stats (5 rebonds, 2 passes, 2 interceptions, 1 contre face à la Bosnie) et goûte son nouveau statut sans tirer la couverture à lui : "Je ne me focalise pas sur les stats. Faire des stats quand tu perds ça ne sert à rien. Je suis plutôt focus sur les victoires. Mes coéquipiers arrivent à me trouver sur les actions où je suis le plus à l’aise." Avec trois victoires en poche, l’Equipe de France, également, se sent plus à l’aise avant d’affronter la Slovénie pour un remake de la demi-finale des derniers Jeux Olympiques.