Une minute pour survivre : "Il y en a qui se sont vus dans l’avion retour"
L’Equipe de France a remporté un match qu’elle pensait avoir définitivement perdu dans la dernière minute du temps réglementaire.
Mal en point après un troisième quart-temps où ils encaissent un terrible 19-0, les Bleus reviennent de l’enfer et, sur un panier d’Evan Fournier, reprennent la tête d’un huitième de finale qu’ils ont parfaitement contrôlé en première mi-temps. "On s’est mis dans le trou tout seul", pestait d’ailleurs Timothé Luwawu-Cabarrot face à la presse.
73-72
Sur la possession qui suit, Furkan Korkmaz obtient généreusement trois lancers-francs sur une faute de Fournier sans doute commise avant le tir. Le shooteur des Sixers enquille sans ciller les trois tirs qui lui sont offerts.
73-75
Avec l’avantage, la défense turque choisit intelligemment de faire défiler le chrono et de faire faute à deux reprises sur Evan Fournier. Vincent Collet prend alors un temps-mort avec 25,6 secondes à jouer. Mais sur le système ligne de fond qui suit, le shooteur des Knicks met le pied en touche après une passe de Thomas Heurtel. Contraint de faire faute, Amath M’Baye envoie de nouveau Korkmaz sur la ligne. Celui-ci ne tremble pas.
73-77
Thomas Heurtel, sans perdre une seconde, traverse le terrain pour un lay-up facile et Timothé Luwawu-Cabarrot commet quasi immédiatement une faute. Antisportive d’après l’arbitre ! "Les arbitres ne sont pas constants. Il n’y a aucune logique dans ce qu’ils sifflent", regrettait l’Azuréen. A +2, deux lancers-francs à suivre, 11,8 secondes au chrono et la balle en main, la situation est désespérée. "Il y en a qui se sont vus dans l’avion retour", sourit TLC. Cedi Osman, qui n’a converti que 4 lancers sur 9 depuis le début de l’EuroBasket était une bonne cible mais reste sur un 4/4 sur le match. "C’est du basket et j’espérais qu’il puisse en rater un pour intercepter et marquer à trois-points", raconte Vincent Collet . "Mais nous n’avions plus les cartes en main." L’ailier des Cavaliers, 71,8% en carrière en NBA dans l’exercice se présente sur la ligne.
75-77
Il va rater ses deux tirs mais un miracle est encore nécessaire. La Turquie remet en jeu mais la table de marque a déclenché un avertisseur sonore. Nouvelle balle sur le côté. Les Bleus sont présents en défense et Osman tente une passe périlleuse vers le centre du terrain. Luwawu-Cabarrot manque de l’intercepter et force Bugrahan Tuncer, le héros du jour, à jeter le ballon dans les airs pour éviter un retour en zone. Evan Fournier s’en saisit et provoque une faute. Il reste 6,9 secondes pour marquer. Sans temps-mort, la France s’en remet à Fournier qui décroche un floateur un peu court, transformé en claquette salvatrice par Rudy Gobert. "Il nous sort un match de patron", salue son capitaine. "Tu as l’impression d’avoir survécu à un match que tu aurais dû perdre."
77-77
Sur l’ultime possession la défense tricolore force Tuncer à un tir impossible et arrache une prolongation improbable. Scène à peine croyable, Vincent Collet serre les poings et se dirige vers Ergin Ataman pour lui serrer la main : "J’étais persuadé qu’on avait gagné… en fait j’avais cinq minutes d’avance."
Les Bleus finiront par s’imposer 87-86 au terme d’un match en forme de montagnes russes émotionnelles. "C’était un match fou", souffle Rudy Gobert. "On n’a jamais arrêté de se battre, jamais abandonné, on a continué d’y croire. Beaucoup d’équipes auraient renoncé et on a été récompensés."