Heurtel, redonne-moi ton short !
14 points et 4 passes décisives dans le quatrième quart-temps et en prolongation. Thomas Heurtel a porté les Bleus vers le dernier carré.
C’est beau la confiance. Et Thomas Heurtel n’en a jamais manqué. Au journaliste de la FIBA qui lui demandait en conférence de presse si un nouveau Heurtel avait vu le jour à l’EuroBasket, le meneur de l’Equipe de France a répondu dans un sourire : "vous ne m’avez pas vu au Barça pour me poser cette question." A 33 ans, celui qui n’a toujours pas de points de chute pour la rentrée a connu les plus grands clubs européens. Vitoria, Anadolu Efes Istanbul, Barcelone, le Real Madrid. Une carrière en Euroleague qui l’a habitué aux grands moments.
Contre l’Italie, alors que le bateau bleu semblait proche du chavirage, il n’a pas hésité à prendre les choses en main, éclaboussant de son talent le quatrième quart-temps et la prolongation, dans la droite ligne d’une réputation de clutch player née en 2014, dès sa deuxième campagne avec les Bleus. La première s’était conclue sur un titre européen en 2013, dans l’ombre de Tony Parker. La star des Spurs forfait un an plus tard, Heurtel avait brillé à la Coupe du Monde, crucifiant l’Espagne en quart de finale dans un des matchs entré dans la légende du basket français et ponctué par le commentaire de David Cozette à l’antenne : "Thomas Heurtel donne-moi ton short !"
Huit ans plus tard il était cette fois question de taille de dessous pour saluer la performance de l’Héraultais. "Il porte la même taille de caleçons que moi", souriait Rudy Gobert. "Il aime ces moments-là." Même son de cloche du côté de Timothé Luwawu-Cabarrot : "Il est capable de nous sortir de situation comme celle-là. C’est un grand joueur."
Un grand joueur qui monte en puissance match après match et qui réalise sans doute sa meilleure compétition avec les Bleus (10,1 pts, 7,3 pds) dans un rôle plus déterminant que jamais. "C’est notre meneur créateur et on en a vraiment besoin dans ce registre", note Evan Fournier. Face à une équipe largement dominée dans le secteur intérieur, Thomas Heurtel a parfaitement su exploiter les hésitations italiennes, celle de Nicolo Melli en particulier, sur la défense du pickn’roll pour les punir sur ses pénétrations. "Je sais qu’il va trouver des solutions sur ces actions", souligne Rudy Gobert. "Les intérieurs étaient focalisés sur moi pour m’empêcher de prendre la position ou de rouler au panier. Il avait les opportunités de mettre les gros shoots. C’est sa force et on en aura encore besoin."
Une justesse également saluée par Vincent Collet. "Vu du banc nous étions persuadés que c’est à lui que reviendraient les derniers ballons. Il avait l’ascendant, même avant qu’Evan ne soit sur le banc. J’ai même eu peur qu’il en fasse un peu trop mais il a su alterner pour faire marquer les autres. Cette équipe a moins de créativité que ses devancières et celle de Thomas nous est précieuse."
Vainqueur d’une médaille de chaque métal à l’EuroBasket (or), Jeux Olymiques (argent) et à la Coupe du Monde (bronze), Heurtel a désormais un nouveau podium en ligne de mire. Deux matchs à jouer, quoi qu’il arrive, pour atteindre un objectif que les Bleus s’étaient fixés avant de rejoindre l’Allemagne : "Notre but était de jouer pour une médaille. Et nous y sommes."