Défense d’entrer
Les Bleus ont signé un chef d’œuvre défensif en laissant la Pologne à 54 points et en étouffant ses deux joueurs majeurs Mateusz Ponitka et AJ Slaughter. Récit d'une démonstration de force.
La phrase revient comme un mantra dans la bouche de tous les entraîneurs nationaux. "La défense est nôtre ADN." Vincent Collet n’échappe pas à la règle et se souvient douloureusement de la campagne 2017 où, pour l’avoir oublié, les Bleus s’étaient abîmés dès les huitièmes de finale de l’EuroBasket.
Cinq ans plus tard, son équipe a retrouvé ses valeurs et a détruit une Pologne tout feu tout flamme face à la Slovénie, mais qui n’a jamais trouvé la moindre solution face à la pression défensive appliquée par les Tricolores. "Ce qui m’a marqué c’est l’effort de nos 5 joueurs", souligne l'entraîneur français. "Je n’ai jamais vu Rudy Gobert aussi haut sur les écrans. Quand Moustapha Fall est rentré il a bougé sa grande carcasse de la même façon. C’était un effort collectif incroyable. Tous les joueurs sans exception se sont mis les fesses par terre."
Terry Tarpey et Andrew Albicy ont d’entrée de jeu pris en main les cas Mateusz Ponitka et AJ Slaughter, tandis que Rudy Gobert et Moustapha Fall achevaient le travail si quelques courageux venaient à s’approcher du cercle (6 contres). "On ne leur a rien donné de facile et leurs joueurs majeurs ont été en difficulté", souligne Elie Okobo. "On est tous dans les aides, on les amène dans la raquette vers nos grands et ce n’est pas facile de marquer des floaters sur nos intérieurs. Le coach l’a dit à la mi-temps, c’était notre meilleur effort et notre meilleure intensité défensive du tournoi. On a touché 17 ballons sur leurs passes et intercepté beaucoup de balles. Ça fait la différence."
Et si la Slovénie est passée à la trappe mercredi dernier, elle a offert à la France la recette du succès. Lors du début de seconde mi-temps, en quart de finale, les coéquipiers de Luka Doncic avaient troqué leur passivité initiale pour une agressivité qui avait déstabilisé les Polonais. Cette "pression infernale", selon les mots de Vincent Collet, appliquée pendant 40 minutes et le scouting sur les deux stars adverses ont rapidement assommé la Pologne. "On avait un bon plan de jeu et on l’a exécuté à la lettre", explique Timothé Luwawu-Cabarrot. "On savait qu’ils étaient les deux joueurs majeurs et qu’ils allaient jouer beaucoup de ballons. Ponitka aime aller à droite, Slaughter à gauche et on s’est focalisé là-dessus en mettant la pression tout terrain du début à la fin. Pour qu’ils soient fatigués, qu’ils aient les jambes lourdes, qu’ils ratent des tirs."
Un engagement qui, comme souvent pour les Bleus, leur donne des ailes de l’autre côté du terrain. Avec 32 passes décisives et un remarquable 15/26 à trois-points, le dénouement de la demi-finale ne faisait plus guère de doutes. Les Bleus "contents mais pas satisfaits" joueront pour l’or dimanche, 9 ans après leur triomphe européen à Ljubljana. "Une magnifique opportunité qu’on veut saisir", résume Vincent Collet.