Résumé Espagne-France : toujours les maîtres du jeu
Déjà championne du Monde, l'Espagne est devenue championne d'Europe à Berlin, après sa victoire sur une Equipe de France qu'elle a dominée de bout en bout (76-88).
Ils étaient venus avec uniquement l’or en tête. Ils l'avaient annoncé depuis leur retour des Jeux Olympiques de Tokyo. Rudy Gobert et Evan Fournier le répétaient à l’envi. "Je ne sais pas si vous nous aviez cru" en souriait d’ailleurs l’arrière des Knicks à la veille de la finale. Les deux hommes avaient refusé de se projeter sur Paris 2024, un rendez-vous pourtant dans tous les esprits. Trop lointain, trop de choses à réaliser auparavant. Les forfaits de Nicolas Batum et Nando De Colo ne les ont pas fait dévier. Et si dimanche soir la déception est immense, la médaille d'argent ramenée de l'EuroBasket 2022 est à ranger parmi les performances du basket français compte tenu du niveau de la compétition et de la liste sans fin de ceux si attendus et repartis bredouilles.
Dans une Mercedes-Benz Arena qui venait juste de reprendre ses esprits après avoir fêté la troisième place de ses protégés quelques minutes plus tôt, les Bleus ont subi de plein fouet l’excellent début de rencontre d’une Espagne parfaitement en place et qui n’avait eu de cesse d’insister sur sa décontraction, avant une finale qui conclut un parcours inespéré à l’EuroBasket. Nouveau garant de l’excellence de l’académie de jeu espagnol, le pivot des Pelicans Willy Hernangomez a délivré les premiers coups près du cercle alors que de l’autre côté du terrain, un 0/4 à longue distance laissait la France coincée dans les starting-blocks. Pénalisée par les fautes, elle avait toutes les peines du monde à gêner le collectif ibérique et à trouver du rythme en attaque. Voir Guerschon Yabusele monter seul au dunk constituait un authentique soulagement dans un quart-temps où Evan Fournier tentait tant bien que mal de trouver des brèches dans une défense hermétique (14-23).
Vincent Collet tentait ensuite l’option tours jumelles en alignant Vincent Poirier (2,13 m) et Moustapha Fall (2,18 m) face à une doublette Juancho Hernangomez (2,05 m) – Usman Garuba (2,03 m) dépassée en taille mais qui punissait cet alignement avec quatre tirs à trois-points consécutifs pour lancer le deuxième quart-temps. Un terrible coup de massue qui laissait les Bleus proches du K.-O., largués à -21 (26-47). L’éphémère tentative de zone était rapidement abandonnée devant le festival du cadet des Hernangomez. N’étant jamais parvenu à s’imposer en NBA (cinq franchises en six ans), l’ancien coéquipier de Rudy Gobert au Jazz signait la mi-temps de sa vie, marquée par une réussite exceptionnelle aux tirs : 18 points à 6/7 en 10 minutes.
L’improbable bombardement connaissait cependant une légère pause à mesure que l’Equipe de France montait en intensité sur les porteurs de balle adverse. L’effort produisait ses effets avec un 11-0 éclair ponctué d’un dunk et d’un cri de rage d’Evan Fournier (37-47) qui semblait totalement renverser le momentum. Les Bleus ne s’y trompaient d’ailleurs pas, restant très peu de temps aux vestiaires, conscients d’avoir sans doute trouvé l’énergie nécessaire à une finale européenne. Ils revenaient avec un Terry Tarpey en mission sur Lorenzo Brown et un Yabusele enchaînant les tirs à mi-distance. L’Espagne, impériale, commençait soudain à vaciller (46-49).
Un temps-mort de Sergio Scariolo la remettait dans le sens de la marche, d’autant que les Bleus avaient la mauvaise idée de lui offrir quelques ballons. La machine infernale se remettait en branle avec Brown à la baguette. Un 2-12 répondait à la série tricolore et ce qui pouvait ressembler à une formidable remontada prenait sérieusement du plomb dans l’aile. L’Espagne n’a pas le talent de ses devancières mais elle se repose sur un collectif constitué de soldats aux ordres et sublimé par une ou deux individualités et rassuré par l’insupportable mais indéboulonnable Rudy Fernandez.
Dans le sillage mais plus jamais véritablement dangeureuse la France voyait la Roja trouver systématiquement la réponse à ses choix défensifs. Brown, Diaz, Hernangomez portaient tour à tour l'estocade. Une leçon de maîtrise qui laisse un goût amer en bouche mais qui ne doit pas faire oublier le bilan positif de l'été 2022.