Wembanyama, le futur au présent
Malgré des attentes immenses, Victor Wembanyama, 18 ans, a marqué les esprits pour ses premiers pas sous le maillot de l’Equipe de France.
Il était attendu avec les Metropolitans, suite à son choix de quitter l’ASVEL : il est le meilleur joueur de Betclic Elite à l’évaluation. Il était attendu à Las Vegas pour une tournée américaine qui pouvait solidifier son statut de numéro un de la prochaine draft : il cumule 73 points en deux rencontres face à la Team Ignite qui lui était opposée. Il était attendu avec le maillot de l’Equipe de France pour ses grands débuts avec les A : il passe 20 points à la Lituanie puis 19 à la Bosnie lors de deux victoires écrasantes synonymes d’une qualification pour la Coupe du Monde.
Victor Wembanyama n’est pas de la hype. Victor Wembanyama est bien réel. Et si le public n’a d’yeux que pour ce jeune homme de 18 ans, c’est que chacune de ses sorties laissent sans voix devant une telle combinaison de talent technique et de qualités physiques. Un géant de 2,21 m n’est pas censé enchaîner les tirs à trois-points sur un pied, délivrer des passes aveugles, interdire l’accès à son cercle et exploser les défenses de zone à coup de alley-oops. Alien, licorne, peu importe les termes retenus pour parler de lui, Wemby fascine tout autant par son potentiel que par un niveau de jeu qui change déjà le visage de ses équipes. "On attend qu’il soit un des leaders. Il n’y a pas de raison. Ce qu’il montre de façon hebdomadaire en championnat, on espère qu’il aura le même type d’impact au niveau international. Il a les armes pour le faire", commentait Vincent Collet avant de s’envoler pour Panevezys. Une semaine plus tard, l’entraîneur des Bleus ne peut qu’être satisfait des premiers pas de sa pépite.
En Lituanie, Wembanyama a intelligemment géré les émotions liées à une première cape internationale. Il a signé, avec 20 points, le troisième total offensif pour un débutant en bleu (derrière Robert Busnel et Bob Riley, à égalité avec Appolo Faye) en laissant venir le jeu à lui. "Je trouve qu’il a été très sérieux et solide. Il a fait preuve d’intelligence sans vouloir briller mais en étant efficace. Il n’a pas forcé les situations quand il était bousculé voire plus", a souligné son coach. "Il a juste cherché à être lui-même et ça suffit pour dominer le match." Une remarque effrayante pour un adversaire parfois déboussolé face à ce profil totalement inédit et dont l’impact ne se mesure pas uniquement à sa propre production statistique. Sa présence sur le parquet est si polarisante qu’elle libère des espaces pour ses coéquipiers offensivement. Et défensivement, son degré d’intimidation est hors normes. En Lituanie, le pivot des Bleus n’a pas signé le moindre contre mais les attaquants baltes ont cependant, à de nombreuses reprises, choisi de faire demi-tour plutôt que d’aller défier ce sémaphore. "Je le sens… et ça me fait rire. Je ferais la même chose à leur place", souriait Wembanyama après ses débuts réussis.
48 heures plus tard, son compteur personnel s’est arrêté à 19 unités. Avec un déchet plus important mais des séquences encore une fois spectaculaires. "Même quand il est moyen il est encore plutôt bon. C’est l’avantage d’être exceptionnel", avouait Vincent Collet en conférence de presse, notant que son pivot avait eu tendance à se laisser trop attirer par son aisance en périphérie. "Sa domination quasi systématique, c’est quand il se rapproche."
Même bousculé ou en panne momentanée d’adresse, Victor Wembanyama n’a jamais semblé douter, s’intégrant parfaitement dans le groupe France, sur comme en dehors du terrain. "Cela me confirme que j’ai raison d’avoir confiance en mon talent et mes capacités. Même dans les moments difficiles j’ai juste à me tourner vers ce que je connais. La confiance en moi c’est quelque chose que je ne perdrai jamais", a-t-il remarqué, sûr de ses forces mais sans jamais verser dans la suffisance.
A 18 ans, Victor Wembanyama n’est pas le futur de l’Equipe de France. Il en est déjà le présent.