Gobert redevient Gobzilla
20,3 d’évaluation en 20 minutes de moyenne. Depuis le début de la préparation Rudy Gobert domine les débats dans la raquette.
A l’heure de la dictature des réseaux sociaux, l’anecdotique en arrive presque à masquer l’essentiel. Si le tir à trois-points, le premier de sa carrière, réussi par Rudy Gobert face au Monténégro a dépassé les 9 millions de vue sur l’Instagram de l’Équipe de France, c’est bien dans la peinture que le pivot des Bleus domine les débats depuis le début de la préparation. Les chiffres ne mentent pas. En sept matches de préparation, il tourne ainsi à 13,0 points et 8,4 rebonds de moyenne avec un pourcentage de réussite surréaliste (80,0%) et une évaluation de 20,3 en seulement 20 petites minutes de temps de jeu.
A la Coupe du Monde 2019, aux Jeux Olympiques 2021 comme à l’EuroBasket 2022, trois compétitions terminées sur le podium, la vigie du groupe France a toujours été le joueur le plus efficace à l’évaluation, preuve de son influence immense sur le jeu. Cet été, il semble encore plus dominant qu’à l’accoutumée. La combinaison de plusieurs facteurs.
Sa forme physique tout d’abord. Éliminé au premier tour des playoffs dès le 26 avril, il estime que cette sortie de piste prématurée a favorisé son arrivée en forme au début du rassemblement, trois mois plus tard, à Pau : "Je me sens mieux qu'à la fin de la saison dernière, j'ai pu faire deux mois de travail où j'ai préparé mon corps, physiquement et techniquement." Les doutes qu’il avait lui-même exprimé quant à sa participation à la Coupe du Monde sont aujourd’hui oubliés, même si le joueur avait précisé la nature de ses interrogations face à la presse. "En tant que joueur professionnel je dois aussi réfléchir à ma santé, ma récupération physique et plein de choses qui peuvent être dures à comprendre pour ceux qui ne connaissent pas le quotidien d'un sportif de haut niveau, d'un joueur NBA. La coupure après la fin de saison n'en était pas une, je me suis beaucoup entraîné en juin et en juillet, je me sens bien et c'est aussi pour ça que je suis là."
La deuxième explication dans la domination de Gobert est le retour en sélection de Nicolas Batum et Nando De Colo. Les deux vétérans sont des facilitateurs de jeu et savent trouver leurs intérieurs. "Ce sont deux figures très importantes dans le groupe. Ils savent comment faire briller leurs coéquipiers", apprécie le pivot des Wolves. Dernier point, enfin, le quintuple médaillé avec les Bleus continue de progresser, à 31 ans. "Je suis un meilleur joueur cette année que je ne l’étais l’année dernière", tranche-t-il tout simplement. Le staff technique a souligné que ses prises de position sont bien meilleures que par le passé et Gobert, mieux servi et mieux placé, a ainsi converti 31 de ses 38 tirs à deux points en préparation ! Plus intéressant encore, il affiche un spectaculaire 81,3% de réussite aux lancers-francs, un exercice dans lequel il n’était pas particulièrement à l’aise par le passé.
Un impact en attaque qui ne doit pas faire oublier que de l’autre côté du terrain, le triple meilleur défenseur de la NBA demeure la pierre angulaire du système de Vincent Collet qui n’a concédé que 71,0 points depuis le début de la préparation (sans compter la rencontre face à la Tunisie). "Nous sommes une équipe très défensive et elle a été montée pour ça, avec des joueurs qui ont la capacité de défendre sur plusieurs postes et un des meilleurs défenseurs du monde avec Rudy Gobert", insiste ainsi Nicolas Batum. L’équilibre trouvé par les Bleus leur a permis de signer un 6/7 en préparation qui les conforte dans leurs ambitions à la Coupe du Monde tout en leur rappelant que la marge est infime entre le succès et l’échec. "L'objectif final c'est d'avoir la médaille d'or, celle qu'on n'a pas encore réussi à obtenir", tranche celui qui rêve de franchir une étape supplémentaire après deux finales consécutives en 2021 et 2022.