Le guide De Colo
A 36 ans, après une année de break, Nando De Colo a repris naturellement sa place de leader au sein d’une Équipe de France qu’il imagine mener au sommet.
En 2023, Nando De Colo a passé sa 14e année sous le maillot bleu. Seuls Florent Pietrus (15), Hervé Dubuisson et Boris Diaw (16) ont fait mieux. Depuis 2008 et sa première sélection, le Nordiste n’aura connu que deux parenthèses. Une forcée, en 2020, du fait du Covid, qui repoussera les Jeux Olympiques de Tokyo. Une choisie, en 2022, lorsqu’il décida de renoncer à l’EuroBasket. Une absence qui explique sans doute en partie son enthousiasme depuis le début de la campagne. "L’été dernier j’ai pensé qu’il était préférable pour moi de faire l’impasse pour revenir plus en forme, plus concentré", précise-t-il. "J’ai toujours été content de rejoindre les Bleus pendant l’été. Mais quand ça devient une habitude et que tu ne l’as pas, on attend son retour avec encore plus d’impatience. Surtout par rapport à tout ce qu’on peut réaliser."
Champion d’Europe en 2013, deux ans après avoir disputé une finale européenne, De Colo a depuis rajouté trois autres médailles à son palmarès. Pour sa troisième Coupe du Monde (il avait manqué l’édition 2014 sur une blessure de dernière minute), le meilleur marqueur de l’histoire des Coupes d’Europe n’a qu’une idée en tête : "Notre objectif c’est le podium ? Non, notre objectif c’est la médaille d’or." Et en bon vétéran des campagnes internationales, la marche à suivre est toute tracée. "Placer ses objectifs personnels avant les objectifs collectifs ça ne fonctionne jamais", tranche-t-il. "Je me rappelle toujours de Sergio Rodriguez qui m’expliquait qu’avec l’Espagne, Sergio Scariolo arrivait, donnait clairement son rôle à chacun. Derrière on accepte ou pas mais l’équipe fonctionnera comme ça et c’est tout."
Une intransigeance qui colle parfaitement à la personnalité d’un joueur devenu une référence absolue sur la scène européenne et dont le retour a immédiatement changé la dynamique des Bleus, sur le terrain comme en dehors. "Cela amène une harmonie dans le groupe", avance Rudy Gobert. "Ils remettent tout le monde à leur place", ajoute Vincent Collet. "Le mouvement du ballon était l’un de nos points faibles l’an passé. Nando De Colo et Nicolas Batum sont des facilitateurs. Quand les joueurs majeurs font quelque chose, ils influencent les autres."
Une capillarité dont a pleinement conscience l’arrière de l’ASVEL, qui n’a de cesse d’exhorter ses coéquipiers à "beaucoup discuter ensemble" afin de trouver les automatismes et la cohésion qui ont pu faire défaut il y a un an. "On a différents leaders et notamment en dehors du terrain pour avoir le meilleur groupe possible. Faire en sorte que tout le monde soit concentré avec le même objectif en tête. Je m’étais mis un point d’honneur, en 2019 et 2021, à endosser ce rôle, et je pense que c’est aussi pour ça qu’on a eu des résultats. Chacun connaissait sa place dans l’équipe."
Les recettes du succès que Nando De Colo tentent d’appliquer pour son avant-dernière campagne, alors qu’il a prévu, tout comme Nicolas Batum, de tirer sa révérence à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Un ultime tour de piste qui lui rappelle tout le chemin parcouru. "J’ai été fier de mettre l’Equipe de France au centre de ma carrière. Quand j’ai commencé on était au plus bas. Beaucoup arrive aujourd’hui dans une équipe qui fait partie des meilleures du monde." Et qui compte le prouver à Jakarta puis Manille.