Nuit noire sur Jakarta
Battus à deux reprises en deux matches, les Bleus ne verront pas le deuxième tour de la Coupe du Monde. Un échec qui appelle forcément une profonde remise en question.
48 heures après avoir débuté, la Coupe du Monde est déjà terminée pour l’Équipe de France. Elle s’étirera pourtant encore près d’une semaine entière. Six jours à ruminer une élimination catastrophique après deux défaites face au Canada et à la Lettonie.
Bien évidemment, les circonstances ont été particulièrement défavorables aux Bleus. Pendant que ses adversaires dominés en préparation, la Lituanie et le Monténégro, préparent déjà le deuxième tour à la faveur de succès sur le Mexique et l’Egypte, la France paye un tirage au sort que l’on savait dangereux. Son effondrement en ouverture face au Canada l’a placée immédiatement sous pression, le format de la compétition ne pardonnant que peu de ratés. Deux fautes sifflées à Rudy Gobert dans les dernières minutes feront longtemps parler. Mais ces réflexions pèsent bien peu face à ce qui constitue un échec majeur pour un groupe qui restait sur trois podiums consécutifs lors des trois dernières compétitions internationales.
Une constance qui avait fait naître les plus grands espoirs. Peut-être surfaits, mais bien réels. "On a déçu beaucoup de monde et nous les premiers", tranchait Nicolas Batum en conférence de presse. "C’est la pire défaite de ma carrière en Équipe de France. J’ai connu des défaites mais bien plus tard dans le tournoi. Perdre au premier tour, j’ai honte." L’ailier des Clippers, comme ses coéquipiers, pensait faire "quelque chose de spécial". Il devra se contenter de rencontres anecdotiques pour les places de 17 à 32, rendues nécessaire pour le classement des pays pour la qualification aux Jeux Olympiques.
Paris 2024. Le grand rendez-vous du sport français qui, désormais, paraît bien loin. "C’est ce qu’on vaut aujourd’hui, c’est tout. Je ne crois pas à : tu vaux mieux que ça. Tu vaux ce que tu fais. Il faudra une grosse remise en question pour l’année prochaine", a remarqué Evan Fournier. Une introspection indispensable pour comprendre les raisons de cette "gifle". La densité du basket au niveau mondial ne laisse personne à l’abri d’un tel accident de parcours mais une sortie de piste dès le premier tour face à la 29e équipe au ranking FIBA, privée de trois joueurs majeurs mais portée par des milliers de supporters qui ont traversé la planète pour soutenir des joueurs habités d’une flamme qui a fait la différence dans le dernier quart-temps, était difficilement concevable. "Le match est allé vers l'équipe qui en avait le plus envie au global. Eux, ils étaient possédés", regrettait Vincent Collet. "L’échec l'est surtout par rapport à ce qu'on pensait être devenu. Mais ça rappelle aussi l'humilité. Je ne l'ai pas dit assez fort avant qu'on commence la compétition mais on ne peut pas être performants à ce niveau dans un tel concert de concurrence si on n'a pas l'humilité pour se battre. Ça n'empêche pas l'ambition. Bien sûr qu'il faut aussi du talent, mais ce qu'on a pu faire ces dernières années n'était pas fait qu'autour du talent. Le croire serait une erreur fondamentale. C'était un travail de tous les instants pour être une grande équipe. Et là clairement sur ces deux matches on n'en a pas été une."