France-Canada : un supplément d'âme
L’Équipe de France a réalisé l'exploit en quarts de finale des Jeux Olympiques en éliminant le Canada au terme d'un combat héroïque, qu'elle a mené pendant 40 minutes (82-73). Elle affrontera l'Allemagne jeudi soir pour une place en finale.
Frank Ntilikina en meneur, Isaïa Cordinier à l’arrière, Guerschon Yabusele au poste 4 et Victor Wembanyama repositionné en pivot, Vincent Collet avait (presque) tout bousculé pour tenter l’exploit face au Canada. Et ce cinq new-look a parfaitement répondu à ses attentes, Cordinier notamment, reprenant son œuvre là où il l’avait laissée contre l’Allemagne. Un dunk, deux lancers-francs, un shoot soyeux puis une prise de risque culottée en transition à trois-points. 10 unités pour donner le ton d’un match à la vie à la mort.
Résultat des courses, six minutes, avant la première rotation, qui ont totalement étouffé des Canadiens pris à la gorge et contraints d’arroser sans conviction de loin. En face, Guerschon Yabusele trouvait régulièrement la distance et Victor Wembanyama, moins heureux, déployait ses immenses segments pour multiplier les interceptions et servir ses coéquipiers.
Le premier quart-temps bouclé avec 13 points d’avance se déroulait comme dans un rêve et rappelait les débuts des deux premières rencontres de la journée lorsque les outsiders grecs puis australiens avaient bousculé les favoris. Son équipe en panne très sèche, Shai Gilgeous-Alexander décidait de prendre les choses en main en se lançant dans son désormais habituel numéro de virtuose. 11 points consécutifs relançaient quelque peu la machine mais les Bleus continuaient de pilonner à l’intérieur en servant un Mathias Lessort en mode costaud, punissant les options small ball de Jordi Fernandez. Un coach furieux après le corps arbitral et dont la réaction traduisait parfaitement le changement de paradigme d’un duel que le Canada avait toujours placé sous le signe de la dureté et de l’agressivité et qu’il perdait justement dans ces domaines. Une dédicace aux parieurs et oiseaux de mauvais augures pensant la France incapable de ce genre de prestations après son poussif début de tournoi.
Les 25 lancers-francs obtenus lors de la première mi-temps illustraient cette domination et l’écart montera jusqu’à +19 sur un tir d’un Cordinier en état de grâce avant que le vent ne tourne. Incapables de régler la mire, les Canadiens se lançaient sans retenue à l’attaque du cercle, multipliant les drives face à des locaux maintenus à flot par Yabusele. Un 6-17 équilibrait quelque peu des débats de plus en plus physiques (54-46). Clé de bras, griffure, plongeon, passage en force et au milieu du ring un monumental Mathias Lessort, aussi souvent au sol que sur la ligne des lancers-francs. Une soirée pour les guerriers et pas pour les esthètes, pour les soldats plutôt que pour les artistes.
Un quart de finale comme un combat que Vincent Collet avait prophétisé et que ses troupes étaient prêtes à disputer. Mais lentement, à mesure que l’attaque stagnait, la menace se faisait plus précise. Le public poussait un soupir de soulagement en voyant Gilgeous-Alexander signer un 0/2 aux lancers-francs à +6.
Un contre monumental de Victor Wembanyama et deux actions offensives de grande classe d'Evan Fournier plus tard, les Bleus avaient repris le contrôle sur un match qu'ils ne lâcheront plus. Fournier, à 55 secondes du buzzer décrochait un incroyable shoot au buzzer de la possession à plus de dix mètres pour enfoncer le clou.
Mardi soir la France n'a pas encore écrit l'histoire. Mais elle s'est donnée le droit de la poursuivre. Elle est toujours en course pour une médaille.